Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 311 pages
Poids : 378 g
Dimensions : 14cm X 21cm
ISBN : 978-2-916749-01-3
EAN : 9782916749013
A la recherche de B. Traven
Les libraires en parlent
Ecrivain culte dans le monde entier depuis les années 1920, B. Traven est l’auteur de plusieurs recueils de nouvelles et d’une dizaine de romans, entre autres "Le Trésor de la Sierra madre", dont l’adaptation au cinéma par John Huston en 1948 le rendit célèbre auprès d’un large public.
Ecrivain révolutionnaire, écrivain "prolétaire", la majeure partie de son oeuvre se passe au Mexique, surtout dans la jungle du Chiapas, où il vécut à plusieurs reprises, partageant l’existence des Indiens et des paysans opprimés. Une oeuvre, de fait, dédiée à la dénonciation des inégalités dans les sociétés modernes.
Mort à Mexico en 1969, B. Traven fut « la personnalité la plus consciencieusement insaisissable du XXème Siècle », qui façonna sa propre légende tout au long de sa vie. Pendant quarante ans, son identité a été l’objet de spéculations, et quand bien même elle fut révélée suite à une enquête digne des paparazzis d’aujourd’hui, on ne sait pas quand ni où cet homme est né, ni quels furent ses parents.
Il apparaît dans les années dix en Allemagne sous le nom de Ret Marut. Acteur, critique de théâtre, il prend position contre la guerre dès le début de la Première Guerre Mondiale et crée une revue, Le fondeur de briques. Ses positions anarchistes lui valent d’être arrêté après l’écrasement de La République des Conseils par la police allemande en 1919. Il s’évade, entre dans la clandestinité et réapparaît en Angleterre en 1923, où il est incarcéré pour situation irrégulière. Il dit être né à Los Angeles en 1882, mais impossible de prouver sa véritable identité : on lui réclamera toute sa vie un certificat de naissance qui semble ne jamais avoir existé. Soupçonné d’ espionnage, il disparaît à nouveau et réapparaît au Mexique en 1924, sous le nom de Tornsvan, où il se fait passer pour un explorateur et photographe norvégien. Un nom qu’il conservera une bonne vingtaine d’année, tout en devenant écrivain, à l’insu de son entourage, faisant éditer ses livres en Allemagne sous le nom de B. Traven. Dès leur parution, ses livres vont collectionner les succès et en moins de cinq ans, ils seront déjà traduits dans plus de dix langues. Bien entendu, personne, au Mexique, ne connaît l’écrivain B. Traven. Pas même Diego Rivera ou Edward Weston, rencontrés à Mexico. Aucun de ses éditeurs ne l’a jamais rencontré, ils n’ont avec lui aucune conversation téléphonique : toutes les communications auront lieu par la poste et B. Traven n’aura toujours pour adresse que de simples boîtes postales. Et lorsqu’en 1948, John Huston lui demande de l’assister sur le tournage de la "Sierra Madre", Traven lui envoie à la place un homme de confiance : Hal Croves. Jamais ce dernier ne laissera deviner qu’il est en fait Tornsvan, alias Marut alias Traven : quatre noms aujourd’hui reliés au même homme alors qu’il a usé très probablement d’un nombre incalculable d’autres pseudonymes.
En 1974, Jonah Raskin, professeur de littérature anglo-américaine, tenait une rubrique littéraire dans une des revues de la presse underground alors florissantes. Suite à un article sur l’oeuvre de B. Traven, il fut contacté par Rosa Elena Lujan, sa veuve, qui lui proposa d’écrire ensemble la biographie de cet homme qu’elle avait accompagné les quinze dernières années de sa vie. Jonah Raskin, qui ne s’était pas vraiment intéressé à la vie de l’écrivain, accepta, et s’installa au Mexique, où il resta un an. Il eut accès à ses manuscrits, ses cahiers de notes, sa correspondance. Il visita tous les lieux où avait vécu l’écrivain, notamment la jungle du Chiapas où il s’immergea plusieurs semaines d’affilée. Il rencontra les personnes qui avaient connu "Traven", sa méthode consistant à poser des questions sur l’écrivain en fonction de ses lectures trés approfondies de son oeuvre. « Je me permettrais juste de vous suggérer d’écrire votre livre comme une enquête sur un mystère dans lequel vous seriez détective », lui dit l’une des personnes rencontrées à Mexico. Et Jonah Raskin de s’imaginer « en détective en train de découvrir des indices, de questionner les suspects et d’interroger les livres ».« J’allais élucider le crime », ajoute-t-il.
Mais plus il rassemblait d’éléments, et plus la vérité se défilait : trop de faits méconnus, trop de contradictions. Et surtout, des témoignages qui, au lieu de l’éclairer, épaississaient le mystère "B. Traven". Rosa Elena, entre autres, l’amplifiait en inventant elle-même des histoires : « Je soupçonnais B. Traven de savoir qu’elle allait générer des mystères supplémentaires après sa mort ». Et puis, plus Jonah Raskin creusait le passé de B. Traven, plus il réalisait à quel point ce dernier ne voulait pas de biographie : il avait construit sa vie de façon à en rendre la rédaction impossible. Il avait brûlé des papiers, construit de fausses pistes, menti, aspirant à l’anonymat qui seul pouvait à ses yeux représenter la liberté de l’individu dans un monde de tyrannie.
Jonah Raskin jeta l’éponge, abandonna le projet de la biographie. Cette aventure si intense ne pouvait cependant rester lettre morte. Il s’employa donc à la raconter, et cela donne un livre passionnant dans lequel Traven devient un personnage de roman fascinant encore jamais rencontré et Rosa Elena, un personnage féminin singulier et bouleversant – un livre qui mêle les genres de l’enquête, du récit de voyage et d’une relecture de l’oeuvre de Traven en fonction de ce que Raskin a vu, entendu et ressenti durant son séjour au Mexique.
Edité au Etats-Unis en 1980, la traduction de Virginie Girard permet aux lecteurs français de découvrir aujourd’hui ce livre, porte ouverte à la découverte de l’oeuvre de Traven. Il est à noter que ce livre est le premier d’une jeune maison d’édition qui a choisi de reprendre le nom de la revue anarcho-pacifiste créée par Traven il y a presque un siècle. Une façon de souligner que tout en étant de son temps, Traven est aussi de notre temps, où la littérature devient essentielle et résistante dans un monde de plus en plus injuste, déséquilibré, destructeur, malade. Les derniers mots seront pour Traven, cité par Raskin dans son livre, issus de La révolte des pendus d’abord, puis du Vaisseau des morts :
Si vous voulez gagner, et rester gagnants, il vous faudra brûler vos papiers. De nombreuses révolutions ont éclaté et ont ensuite échoué simplement parce que les papiers n’avaient pas été brûlés comme ils auraient dû l’être. La première chose que nous devons faire est d’attaquer le greffe et brûler les papiers, tous les papiers contenant des sceaux ou des signatures – actes de propriété, de naissance, de mort ou de mariage... Alors plus personne ne saura qui il est, comment il s’appelle, qui était son père. Nous serons alors les héritiers parce que personne ne pourra prouver le contraire.
Où se trouve le véritable pays des hommes ? Là où personne ne veut savoir qui je suis, d’où je viens, où je veux aller, ce que je pense de la guerre ou de l’épiscopalisme, ou des communistes, là où je suis bougrement libre de faire et de croire ce qui me plaît, tant que je ne nuis pas à la vie, à la santé et à la propriété durement gagnée d’autrui. Là et seulement là se trouve le pays des hommes pour lequel vivre vaut la peine et mourir est doux.
Quatrième de couverture
B. Traven reste la personnalité littéraire la plus consciencieusement insaisissable du XXe siècle.
Qui fut l'auteur de la dizaine de romans, dont le célèbre Trésor de la sierra Madre, et recueils de nouvelles mettant en scène des exploités ? Fut-il Ret Marut, ce jeune acteur et poète anarchiste arrêté lors de la rébellion, munichoise de 1919 ? Ou bien T. Torsvan, un explorateur et scientifique norvégien ? Ou alors Hal Croves, scénariste et agent littéraire américain ? On parla même de lui comme du fils illégitime du Kaiser Guillaume II... Il est néanmoins établi qu'il vécu et travailla au Mexique, sous diverses identités, du milieu des années vingt jusqu'à sa mort, survenue en 1969.
Attiré par cette énigme, en 1975 Jonah Raskin est invité à Mexico par la veuve de l'écrivain pour écrire sa biographie. Il y rencontra ceux qui le connurent, eut accès à ses archives et parcourut les lieux arpentés par l'écrivain.
Dans À la recherche de B. Traven, nous contemplons cette identification qui le conduisait au bord de la folie. Cette troublante mise en abîme est le plus bel hommage rendu à l'écrivain qui déclarait dès 1926 :
«Mon histoire personnelle ne décevrait pas les lecteurs, mais elle ne regarde que moi et je tiens à ce qu'il en soit ainsi.»