Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 133 pages
Poids : 210 g
Dimensions : 15cm X 21cm
ISBN : 978-2-88182-696-2
EAN : 9782881826962
Adrien Pasquali, chercher sa voie entre les langues
Quatrième de couverture
Questionner les frontières - du monde réel, de la raison et de la folie, du silence et de la parole, ou celles des langues. Tenter de guérir d'un défaut d'origine par l'exercice de la traduction. Passer enfin de l'étude des autres ou du pastiche à l'invention de soi : telle fut l'ambition d'Adrien Pasquali, dont l'oeuvre protéiforme ressemble à une autobiographie de l'esprit. Fils d'immigrés italiens né à Bagnes (en Valais) en 1958, auteur d'une thèse de doctorat sur Ramuz et d'une oeuvre critique abondante, il était devenu l'un des meilleurs auteurs de sa génération. Il s'est donné la mort à Paris en 1999, vouant sa trajectoire d'écriture à un fondamental inachèvement.
« Migrant » d'une langue à l'autre d'autant plus fasciné par les récits de voyage qu'il ne voyageait pas ; écrivain hanté par les pièges et les jeux du langage ; chercheur curieux de génétique textuelle que le travail sur autrui ramène en définitive à soi : ce sont là les multiples facettes intimement solidaires d'Adrien Pasquali, que cette première monographie critique mettra en perspective en convoquant pour ce faire trois générations de chercheurs. Puisse-t-elle permettre de mieux faire lire et aimer la voix énigmatique de celui qui, en 1998, décrivait sa situation comme une « impasse irrésolue »... (S.D.)
Pasquali n'ignorant rien des formes romanesques les plus contemporaines - on connaît sa dette envers Pinget, Beckett, ou Claude Simon, entre autres -, il y aurait sans doute à s'interroger sur les Mens de filiation possibles (et sur les « fils » secrets) unissant Le Pain de Silence et Fils de Serge Doubrovsky (lui-même écrit, de l'aveu de son auteur, « sur le modèle de Joyce, dans Ulysse », ou de Claude Simon dans Histoire), considéré comme le texte fondateur de « l'autofiction ». Dans les deux cas, .sur fond de mère manquante, ou défaillante, un fils s'« engendre » lui-même par l'écriture, métamorphosant un « je » biographique en « je » fictif qui lui ressemble et devenant à lui-même son propre père et sa propre mère, par le biais de sa narration et du travail de la langue. Ainsi, chez Pasquali, c'est une phrase attribuée à la mère (qui ne l'a pas réellement prononcée), puis une seconde attribuée au père, qui lancent le processus d'écriture du fils, seul à « détenir l'autorité du langage » - mais qui sera à la fin renvoyé à ce silence contre lequel s'érige tout le texte et qui est aussi, écrit-il, « la seule chose que nous avons eue en commun ».
Sylviane Dupuis