Albums

Alors que l'immigration et la question de l'identité alimentent toujours les débats nationaux, rappelons que les deux créateurs d'Astérix, la bande dessinée française la plus populaire au monde, sont issus de l'immigration, de parents originaires de Pologne et d'Ukraine pour René Goscinny, de parents italiens pour Alberto Uderzo.

Ce catalogue de l'exposition Albums raconte l'histoire des liens entre bande dessinée et immigration, depuis les premiers funnies américains dessinés par des migrants européens au début du XX^e siècle jusqu'au succès planétaire de Persepolis, oeuvre d'une jeune fille fuyant l'Iran des mollahs.

George McManus, américain d'origine irlandaise, a fait de sa double culture la matière première de son strip traduit en français par La Famille Illico. Fils d'immigrés juifs, Will Eisner a raconté dans ses romans graphiques comment New York s'est construite à partir de vagues migratoires successives. Superman lui-même, inventé par deux créateurs dont les parents avaient fui les pogroms d'Europe centrale, est un exilé de la planète Krypton. Enki Bilal a fui les Balkans avec sa famille, avant de connaître le succès en France. Après avoir émigré en France, Marguerite Abouet, née en Côte d'Ivoire, a créé avec le dessinateur Clément Oubrerie la bande dessinée la plus lue de toute l'Afrique de l'Ouest : Aya de Yopougon. Clément Baloup a fait du témoignage de ses aïeux vietnamiens la matière première de son oeuvre...

Ces exemples, et bien d'autres présentés dans ce catalogue, montrent que ces récits de vie réels ou imaginaires permettent d'écrire une autre histoire de la bande dessinée depuis un siècle. A travers les analyses des meilleurs spécialistes, des « bulles d'exil » présentant le parcours des figures majeures de la bande dessinée et des planches commentées, cet ouvrage illustré d'esquisses inédites, d'archives personnelles et de planches originales apporte une réflexion sur les représentations de l'immigration et questionne les archétypes de la figure du migrant.