Algérie

Depuis longtemps, l'Algérie ne cesse de comptabiliser les enfantements monstrueux qui, à chaque fois, accablent son peuple et lui infligent de grandes blessures. Celle qu'il éprouve depuis le fatidique triomphe du Front Islamique du Salut, au premier tour des législatives de décembre 1991, qui fut aussitôt anéanti par l'arrêt brutal du processus électoral, n'est certainement pas la moindre. Ces bouleversements ont précipité l'Algérie dans une effroyable tourmente et l'ont depuis inscrite à la une de l'actualité politique internationale. Une décennie meurtrière de guerre civile a fait jusqu'ici plus de 120 000 morts, plus d'un million de victimes et deux millions de handicapés. Elle provoqua des dégâts matériels pour près de vingt milliards de dollars. C'est justement pour aborder cette nouvelle question algérienne et pour l'appréhender dans sa complexité que l'Institut européen de l'Université de Genève et le Centre d'Études et de Recherche sur le Monde Arabe et Méditerranéen (CERMAM) ont consacré deux colloques au sujet, en s'efforçant de répondre au lancinant «Que peut-on faire?» Le premier colloque s'est attelé à la problématique de la crise, en s'interrogeant sur les rôles possibles pour l'Union européenne. Il a donné lieu à un débat fécond et animé, auquel ont pris part plusieurs personnalités du monde politique et universitaire des deux rives de la Méditerranée. Le second, centré sur le thème du référendum sur la concorde civile de septembre 1999, a permis de clarifier enjeux et perspectives liés à la consultation. L'ensemble des données présentées ici dans des perspectives complémentaires invitent à la réflexion sur la phase actuelle de la crise et permettent d'en évaluer les issues possibles.