Amicitia

Le ciment du quai, la pierre des murs, les carreaux des fenêtres réverbèrent la chaleur qui vibre à un mètre du sol en nuages flous, subites bouffées étouffantes dont elle se débarrasse en secouant la tête. Des fleurs attirent des abeilles, minuscules points flottant en zigzags - aucun vrombissement cependant n'accompagne ces danses rituelles. Sont-ce des abeilles d'ailleurs, ou bien de ces pointillés noirs qui, l'été, ne doivent pas être pris à la légère, car pouvant s'avérer signes avant-coureurs d'insolation ? Il y a là des géraniums en pot, des plantes délicates qui s'alanguissent au soleil, éblouissantes de santé.

Mais personne ne s'occupe d'elles, puisqu'il n'y a personne. C'est peut-être ça, le plus effrayant : que la nature n'ait pas besoin de l'être humain pour exister. Et si elle a conscience d'être présente en ce lieu, elle est en même temps intimement persuadée de n'être là qu'en tant que spectatrice, à la fois tolérée et ignorée - sciemment - tout en étant surveillée...

Par qui ? Par quoi ? Ce qui hante l'endroit ? Mais il n'y a rien !