Peintre, sculpteur, dessinateur et scénographe, André Masson (1896-1987) couvre de sa production l'ensemblede ce siècle. De 1923 à 1927 - en pleine époque surréaliste - André Masson réalise la série des dessins dits "automatiques". Basés sur l'écoute et l'expression des pulsions inconscientes, sur l'automatisme et la fulgurance du geste, cette étonnante production graphique est en totale rupture avec les modes de création plastiques habituels. Prolongeant, mais de façon tout à fait originale, la vogue des dessins spirites et médiumniques de la deuxième moitié du XIXème siècle, le dessin automatique trace une voie singulière dans la peinture du XXème siècle. S'appuyant sur des données historiques précises et replaçant l'aventure du dessin automatique dans le contexte du surréalisme (André Breton et "l'écriture automatique") ainsi que dans le contexte - plus large - de l'automatisme psychologique de la fin du XIXème siècle (Myers, Janet, Bergson), le présent essai tente de dégager l'ensemble des problèmes théoriques posés par l'existence du dessin automatique. Dans l'oeuvre entière de Masson, tout d'abord, où le dessin automatique constitue un pivot et une articulation centrale. Dans l'ensemble de la production artistique, ensuite, le dessin automatique apparaissant comme un enjeu fondamental d'une création plastique qui fait jouer de façon dialectique les deux pôles du conscient et de l'inconscient.
Florence de Mèredieu - Maître de Conférences à l'Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne, Esthétique et Sciences de l'art), auteur de fictions (Une si petite anthropophage, Des Femmes, 1981 ; Télévision, la lune, Des Femmes, 1985) et de plusieurs essais (Le dessin d'enfant, Editions Universitaires, 1974 ; Antonin Artaud, Portraits et Gris-gris, Blusson, 1984).