André Téqui

Un monde solidaire et sans frontières

S'il fallait illustrer la traversée d'André Téqui que retranscrit cet ouvrage, nous choisirions quatre clichés d'une grande banalité apparente :

Un jeune jociste, année 1938, comme celui que présente Mordillat dans « Douce banlieue » ; avec quatre copains, André sort d'un presbytère de banlieue et en bicyclette s'en retourne à l'usine à la conquête de l'avenir : Sois fier ouvrier, sans toi que deviendrait le monde ? (chant jociste) ;

Un jeune résistant, un métallo militant d'Action catholique ouvrière dans les ruines embrasées de Berlin juste avant la chute d'Hitler. Pas de discours, être là comme chrétien engagé est en soi un témoignage qui désarçonne l'ennemi ;

Un jeune syndicaliste paisible, adhérent à la CFTC qui allait devenir la CFDT, déterminé et entreprenant, élu au Comité d'entreprise de la SNECMA, et bien décidé à inventer avec d'autres de nouveaux modes de partage et de répartition des richesses produites par des millions de travailleurs ;

Un militant associatif savourant avec les immigrés portugais de Villiers-sur-Marne leur première grande fête émancipatrice de la Saint-Jean !

Quatre clichés : quatre moments clés d'une vie entièrement consacrée à amener ceux qui l'entourent - notamment les plus vulnérables d'entre eux - à avoir confiance en eux-mêmes, à comprendre que finalement, ils peuvent devenir les acteurs incontournables de leur développement collectif.

Partout, dans les quartiers mal famés de la ceinture rouge (la banlieue des années d'avant-guerre), dans les « lags » (baraquements allemands) d'une centaine de châlits à deux étages, au coeur de l'immense site industriel de la SNECMA, sur les infects bidonvilles habités par des milliers d'immigrés portugais, ... partout, André est là, alliant simplicité de vie et prestige de militant chevronné, physique ordinaire et rayonnement exceptionnel, authenticité accueillante et familiarité discrète et distanciée.

Homme de foi, syndicaliste engagé, associatif inconditionnel ! Le parcours d'André Téqui n'invite-t-il pas à s'engager dans les combats du monde pour rendre celui-ci plus conforme aux valeurs de solidarité, de justice, de paix et d'humanisme ?.