Catharisme face au monde

Mon Royaume n'est pas de ce monde..., disait Jésus selon le rapport de l'Évangile. Il visait là le pouvoir qu'y exercent certains sur un grand nombre d'humains, la possession de biens qu'ils accumulent alors que tant d'autres restent dans la misère, la lubricité où ils se déshonorent...

Dans les communautés cathares, l'Ordre des chrétiens ordonnés et revêtus se vouait à la modestie, la pauvreté et à la chasteté. Ainsi, dans la population, les ministres du catharisme étaient nommés spontanément Bons chrétiens ou Bonnes dames et Bons hommes. S'ils venaient à faillir à leurs voeux, ils devaient d'abord le confesser publiquement devant la communauté, puis accomplir de nouveau tout leur cursus de purification et de formation spirituelle avec un ancien vénéré.

Dès le XI^e siècle, aux origines du catharisme, les ordonnés furent souvent d'anciens clercs révulsés par l'infidélité de l'Église à l'Évangile.

Dans le public accédant à une véritable culture, de la noblesse et de certains clercs en rupture, la poésie savante des troubadours méridionaux s'attacha à élever vers l'ordre spirituel l'amour spontané mais ambivalent entre le féminin et le masculin. Alors, au-delà du désir des corps, l'attrait des forces vitales mène les âmes à unir leurs racines spirituelles. Il en naquit le Fin'Amor où purent se réunir chastement une femme et un homme libérés de la tragique séparation des genres exigée par la reproduction sexuée. Ainsi, du XII^e au XIII^e siècle, la rude ascèse cathare fut accompagnée par le cheminement gnostique de Sophia-Sagesse révélée par sa Dame au troubadour et au chevalier courtois.