Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 239 pages
Poids : 540 g
Dimensions : 16cm X 23cm
ISBN : 978-2-251-44566-3
EAN : 9782251445663
Apprendre à lire l'éternité dans l'oeil des chats ou De l'émerveillement causé par les bêtes
Quatrième de couverture
On peut lire ce livre comme un Bestiaire. Mais en sachant que ce n'est pas tout à fait un Bestiaire. S'il concerne essentiellement «les bêtes», il n'a rien d'encyclopédique ni d'alphabétique. L'ordre qui dispose les chapitres n'est calqué que sur les attitudes humaines. Un vagabondage personnel a permis à l'auteur de rassembler des textes où des écrivains, principalement poètes, disent leur émerveillement devant les animaux, en les honorant de la reconnaissance qui leur est due et en épelant les motifs et les nuances d'un enchantement toujours renouvelé. Pour étayer cette «bible poétique animalière», comme l'appelle Élisabeth de Fontenay, il fallait aussi interroger l'«état d'émerveillement». Souhaitons que cet ouvrage soit lui-même un émerveillement pour ses lecteurs : qu'ainsi ils entrent en la présence animale.
Je relis L'enfant d'Agrigente, je relis Le latin mystique, je relis Curtius, Auerbach, Pierre de Nolhac... : je les réunis en esprit dans une collection idéale qui satisfait à la conception que je me fais de l'essai. Le mot est à la mode et désigne un genre polymorphe : essais historiques, scientifiques, politiques, critiques ; tantôt l'exposé d'un point de vue brillant et instantané, proche du pamphlet, tantôt la quintessence de recherches patientes dans un champ disciplinaire donné. C'est plutôt ainsi que je vois la création d'une collection intitulée «Les Belles Lettres/essais». Dans le paysage éditorial français, notre maison se distingue par la place qu'elle réserve à l'érudition, cette sévérité, qui est de fondation, est son honneur. Elle se distingue aussi par la place éminente donnée à des langues et à une culture qui sont de plus en plus l'apanage de spécialistes. Mais l'érudition n'est pas cuistrerie et il arrive que la spécialité partagée vienne enrichir d'un éclat irremplaçable la culture universelle. Seulement, il faut, pour cela, infuser à la philologie une âme, c'est-à-dire de l'amour - et un style. Ou, comme sur la monnaie d'Auguste, à la lenteur cuirassée du Crabe marier la légèreté du Papillon1. C'est le rôle de l'essai, essai en ce sens aussi que, relevant ce défi, on a mesuré la part de risque.
P. L.
1. Revers de l'aureus frappé en 19 av. J.-C. par le triumvir monetalis M. Durmius. Notre image est empruntée aux Sententiose Imprese di monsignor Paolo Giovio et del signor Gabriel Symeoni, ridotte in rima per il detto Symeoni, Lyon, G. Rouille, 1561. p. 11 («Festinalente»). Cf. W. Deonna, «The crab and the butterfly : a study in animal symbolism», JWCI, LXV (1954), p. 67 suiv. ; I. Calvino, Leçons américaines, Gallimard, 1989, Deuxième Conférence : «... Bizarres l'une et l'autre, l'une et l'autre symétriques, ces deux formes animales établissent entre elles une harmonie inattendue».