Ariane et don Juan ou Le désastre

«Un homme labyrinthique ne cherche jamais la vérité, il ne cherche jamais que son Ariane, quoi qu'il puisse nous dire».

Frédéric Nietzsche

Claire Lejeune réconcilie le théâtre avec la force de l'affirmation et de la profération, elle lui interdit de filer par la tangente, elle le met au pied du mur. Dans la clarté verticale de sa pensée rebelle, elle convoque deux mythes fondateurs et les met face à face dans la cage de scène. Cette aire de jeu devient dès lors un prodigieux ring où deux fauves philosophiques se mesurent l'un à l'autre. Ils sont en pleine possession de leurs moyens, leur langue ne les trahit à aucun moment, ils savent ce qu'ils ont à dire, et ne s'en privent pas. Ils n'y vont pas par quatre chemins : ils empruntent à chaque fois la voie royale de la pensée parfaitement décantée et coulée dans des phrases effilées comme des lames. Ils savent tous deux d'où ils parlent, et ce qu'ils poursuivent. Leur combat est d'autant plus net et se détache, aveuglant, sur le fond de nuit où il s'inscrit.

Jacques De Decker