Fiche technique
Format : Relié
Nb de pages : 159 pages
Poids : 1550 g
Dimensions : 32cm X 28cm
EAN : 9782913252059
Au coeur de l'Afrique
Quatrième de couverture
Peut-on parler d'une seule Afrique, en découvrant les photographies de Pascal Maitre ? Afrique des déserts ou des forêts équatoriales, Afrique des traditions ancestrales et des rituels magiques, Afrique du rire et des couleurs, mais aussi Afrique mutilée et désespérée, Pascal Maitre, en publiant ces images qui ne peuvent laisser indifférent, nous invite à partager ses émotions, mais aussi à réfléchir en découvrant les multiples visages de ce continent qu'il sillonne depuis plus de vingt ans et qu'il aime passionnément.
Dans une magnifique préface, l'écrivain Calixthe Beyala exprime avec force et humour la spiritualité et la grandeur de l'Afrique :
"...Je me souviens de ma première communion et chacune des trois fillettes sur la photo aurait pu être moi. Elles sont l'Afrique dans leur adoption exagérée de certains éléments de l'ailleurs, ce que les Occidentaux qualifient de caricature. Est-ce pour de vrai, est-ce pour de rire ? Sur nos terres, le Christ a évolué au son des balafons et des tamtams ; il s'est bâtonmanioqué, s'est gombotisé, s'est mêlé au ganga, aux fétiches, aux marabouts, aux génies des eaux, au kong, à moins qu'il n'ait été déjà tout cela à la fois, depuis ses origines. Et ces prières en latin auxquelles nous ne comprenions rien exaltaient en nous le sens d'un divin encore plus complexe. Comme l'Occident, il concentrait dans ses mains des voitures, des réfrigérateurs, des avions, des mitraillettes, des gazinières, tout le superflu auquel nous aspirions, mais qui passait au loin, aussi lumineux qu'une comète lointaine. A la fin de la messe, nous prenions le chemin du retour, si exténués de fatigue et de faim que souventement nous croisions sur notre chemin un mort-vivant ou un fantôme, un esprit ou un génie des eaux. Nous clignotions des yeux dans le soleil : «T'as vu ce que j'ai vu ?» On se raclait la gorge et nous regardions nos poignets sans montre : «C'est leur heure...» Puis nous continuions notre route et nos pieds hurlaient de douleur dans des chaussures trop serrées. Les moins courageux les ôtaient et les posaient au-dessus de leurs têtes. Nous pénétrions chez nous, le visage triste comme des pénitents, et nous nous laissions tomber à l'ombre bienfaisante des arbres. Ma tante passait alors la tête par l'entrebâillement de la fenêtre : «A table !»."
Calixthe Beyala (extrait)