Au long du fleuve Sénégal

Maya Bracher parmi les Sahéliens

Comment ne pas rêver, en s'imaginant en cette vallée du fleuve Sénégal, muni de son appareil photo, en 1958, surtout pour une jeune femme ? Il fallait du métier, de l'intuition, de l'art, de la manière pour sortir un bon cliché.

Comment ne pas se demander quel sourire, quel regard préliminaire, quelles paroles, quels gestes émanaient de la belle Maya pour que tous ces visages photographiés, tous ces corps, toutes ces âmes donnent autant d'eux-mêmes, naturellement ?

Maya parmi les Sahéliens, les filets de pêche, les pirogues, les calebasses... fière, tenace et heureuse d'avoir à retranscrire par la photographie des réalités scientifiques.

Une aventure qui rend fou de joie, à laquelle on participe avec tout son coeur, tout son savoir. Son imagination, son sens de l'improvisation, ses prises de risques, aussi. Une aventure qui vous instille l'Afrique dans les veines pour le restant de votre vie.

La recherche de la pureté aussi. Retrouverons-nous cette lumière si spéciale cueillie de quelques clics un matin de vent de sable Et le grain de ces peaux ? Lisses soyeuses, profondes, irisées de sueur, scarifiées par l'âge ou la coutume.

La matière de la vie couchée là, sur le papier de ce livre intemporel. Inconditionnel. Pas de concession à l'esthétisme de calendrier, à l'exotisme colonial, au misérabilisme, au militantisme. Juste la pureté. La pureté du bleu regard de Maya sur ces pêcheurs du fleuve Sénégal qui vivaient alors ce qu'ils avaient à vivre.