Baleine

« Quand je rouvre les yeux, sur la balance, il y a écrit 78. Mais moi j'ai lu un chiffre immense, comme les numéros du SuperEnalotto, comme un code IBAN, je lis 1+1+1300+5+4500+1. Un père mort ; une mère fatiguée ; mille trois cents sachets d'Amica Chips mangés sur un divan qui n'existe plus ; les cinq fois où mon frère m'a dit « je t'aime » ; les quatre mille cinq cents fois où j'ai vu ma mère pleurer ; une certitude, que mon père souffre encore. Moi je pèse infini. »

Baleine c'est l'histoire d'un corps qui change et devient gigantesque, mais c'est aussi l'histoire d'une femme qui reprend possession d'elle-même grâce à ce corps.

La mort soudaine d'un parent est une perte trop difficile à supporter pour une petite fille. C'est ainsi qu'à l'âge de onze ans, Giulia commence à essayer de combler cet énorme vide avec de la nourriture. Comme si elle voulait faire de la place « sous sa peau qui se dilate » à son père qui n'est plus là, elle réagit au manque et à la douleur en prenant ses formes à lui - celles d'« un homme gros, un homme énorme ».

Le poids de Giulia passe de 40 à 80, puis à 96 kilos, comme s'il n'allait jamais s'arrêter. Puis, en même temps que le corps, ce sont le rejet de soi, la honte, la culpabilité, le désir de se cacher qui se mettent à grandir. Et bientôt, pointe le harcèlement de la part de ses camarades, mais aussi de certains enseignants, pour la frapper et l'humilier jusque dans son nom, devenu désormais celui d'un animal : Baleine. Jusqu'au jour où, avec l'aide de sa mère, Giulia changera à nouveau et trouvera une nouvelle conscience, un nouvel équilibre pour elle-même et un nouvel espace pour Baleine - non plus au premier plan, mais toujours là.

Alternant récit et réflexion, faisant dialoguer le passé avec le présent, Giulia Muscatelli écrit un livre courageux qui choisit l'espoir mais refuse les consolations faciles. Un mémoire touchant et sensible qui raconte la stigmatisation du corps, le dépassement du deuil et la quête d'un nouveau commencement.