Bons baisers des arènes

Cet album n'est pas la simple réunion, pour le plaisir des yeux, d'une suite de cartes postales comme la mode du « rétro » nous en propose souvent. Ni la vision nostalgique d'une tauromachie oubliée, définitivement perdue. Ce n'est pas un livre d'histoire, non plus. Pas davantage une réflexion esthétique sur des images photographiques. Encore moins des commentaires techniques sur la corrida. C'est un peu tout cela quand même, mais un peu plus aussi...

L'Union des Bibliophiles Taurins de France a pu puiser à sa guise dans l'immense collection de Jean François, un amateur enfiévré mais patient, habité en permanence par le taureau et son image, qui a consacré sa vie à la cartophilie taurine. Les classeurs et les boîtes de J. François ne sont pas, comme on le voit bien souvent, de petits cercueils contenant des images mortes, à l'usage exclusif du collectionneur. Nombre d'ouvrages et de revues ont eu recours à ses archives, lui même a signé quelques albums illustrés, plusieurs expositions de ses pièces maîtresses ont été organisées, tant il est incontournable en matière de documentation et d'histoire taurine.

On pourrait croire que distinguer une cinquantaine de cartes dans ce foisonnement exceptionnel n'a pas été chose facile. Au contraire, sans critères rigides nous avons laissé parler notre intuition et nos émotions. Toutes les images sélectionnées se devaient, à l'évidence, de figurer dans cet album, nous sautaient aux yeux, s'imposaient d'elles-mêmes, comme « remarquables ». Ce tri subjectif et personnel a abouti à ce recueil. Il y en a des dizaines d'autres possibles... On y trouvera, sans fil directeur autre que le taureau un mélange d'images fortes, de personnages pittoresques, de situations surprenantes et d'endroits improbables témoignant bien de la présence universelle, dans le temps et dans l'espace, de la tauromachie.

Marc Thorel a eu envie de « raconter » ces minuscules parties de l'histoire taurine, ces quelques instants soustraits au temps, en essayant de recréer l'ambiance de chaque tableau dans un petit texte intimiste, sans omettre d'en restituer également, à chaque fois que c'était possible, le lieu, la date et le contexte historique.

Enfin, l'écrivain et journaliste Jacques Durand a accepté de nous donner, dans une savoureuse Préface, sa vision personnelle de ce kaléïdoscope, « poignant, ridicule et bouleversant comme le monde extravagant des toros »... que cet album nous fera aimer davantage encore.