Bossuet, le Verbe et l'Histoire (1704-2004)

1972-2002 : entre la dernière grande thèse sur Bossuet et la mise du Carême du Louvre au programme des agrégations littéraires, l'Aigle de Meaux avait quasiment disparu de la mémoire savante comme de la mémoire nationale. Pendant ces trente années, marquées pourtant par l'explosion des études rhétoriques, le silence s'est fait sur le plus grand orateur sacré de notre histoire littéraire, au point que l'un des très rares livres qui l'aient alors pris pour sujet s'intitulait Le Tombeau de Bossuet. C'est donc à une résurrection que convie ce colloque tenu à Paris et à Meaux les 13 et 14 mai 2004 à l'occasion du troisième centenaire de la mort de Bossuet. Après la traversée du désert, il importait que les considérables acquis factuels et méthodologiques des sciences humaines fussent enfin mis au service de la connaissance du continent Bossuet : à quoi plus de vingt spécialistes internationaux se sont appliqués, non seulement dans les domaines littéraire et rhétorique, mais dans ceux de la philosophie, de l'histoire, de la théologie et de la spiritualité. Bossuet - un Bossuet qu'on a souhaité intégral - en ressort neuf : non plus objet froid d'un culte idéologique, mais point de passage à nouveau obligé pour l'intelligence d'une civilisation dont nous procédons et auteur surtout d'une oeuvre à explorer pour elle-même, à la fois vaguement familière et fascinante d'étrangeté, tant pour la force qui peut apparaître aujourd'hui provocatrice de son message que pour sa beauté formelle, où la simplicité ne cesse de jouer avec la grandeur pour fournir à chaque page sa brassée de sublime.