Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 317 pages
Poids : 685 g
Dimensions : 19cm X 23cm
EAN : 9782878543056
Quatrième de couverture
S'interroger sur les relations entre cinéma et politique permet ici d'approfondir une réflexion critique autour du stalinisme. Complexe, la question du stalinisme au cinéma ne fait pas uniquement référence aux multiples figures de Staline à l'écran. Comme en témoignent ses institutions et une abondante production filmique, le cinéma soviétique a constitué dès les années 1920 un laboratoire pour l'élaboration d'une idéologie stalinienne. Ses représentations déborderont les frontières de l'URSS. Jamais un art populaire n'aura autant su conjuguer, au XXe siècle, esthétique et impératifs économiques, obligeant de nombreux cinéastes à se compromettre avec l'État, leur unique commanditaire.
Le cinéma stalinien n'est pas seulement fondé sur une mise en scène propagandiste autour du culte de la personnalité ou de l'État-Parti. Il reflète la société telle que le pouvoir entend la voir et telle qu'elle souhaiterait se voir représenter. En fin de compte le cinéma a accentué un clivage entre « faire voir » et « faire croire », avant que les films ne dénoncent eux-mêmes le stalinisme.
Ce numéro de Théorème explore quelques moments clés de cette construction : le passage du muet au parlant au début des années trente, la généralisation du dogme du réalisme socialiste après 1934, le renforcement après 1947 des institutions cinématographiques, la déstalinisation amorcée après 1956, le réexamen de son histoire dès 1984 jusqu'à la chute du mur de Berlin en 1989, et le rapport à sa mémoire aujourd'hui.
Le stalinisme au cinéma a perduré dans l'histoire de manière multiforme, tant en Russie qu'ailleurs : en Chine, en Europe, à Cuba ou aux États-Unis. Mais le cinéma n'a pas uniquement mis en image un monde conforme aux dogmes staliniens, il a aussi aidé à en faire l'anatomie critique. De nombreuses productions ont ainsi contribué à un réexamen de l'histoire. Quelques films emblématiques de la période stalinienne puis post-stalinienne sont ici analysés. Certains tentent d'exorciser les fantômes du totalitarisme en soulevant, a posteriori, la question de la mémoire du stalinisme. D'autres entretiennent la nostalgie de cette période.
Au fil de ce numéro, se dessine une approche décloisonnée, permettant de mieux appréhender l'héritage et les formes successives du phénomène stalinien au cinéma. Staline y apparaît finalement comme l'acteur collectif, et souvent invisible, d'un stalinisme à plusieurs niveaux.