Cathares, bogomiles, pauliciens à travers les arts, l'histoire et la littérature

L'auteur de ce livre, Alain Vuillemin, docteur d'État ès lettres et professeur émérite de littérature comparée, a réalisé sur le catharisme un monument issu d'une somme de travail qui n'est pas loin de donner le vertige. Combien d'heures passées à étudier des textes jusque-là inconnus du grand public ou à remonter le temps et l'espace dans des investigations dignes des plus grands chercheurs ? Cet ouvrage, Cathares, Bogomiles, Pauliciens à travers les arts, l'histoire et la littérature, apporte sa pierre à l'édifice patiemment construit depuis plus d'un siècle pour donner la vision la plus authentique possible de la religion des Albigeois.

À ce propos, on peut même parler de pierre d'assise, puisque l'auteur nous entraîne jusqu'au lieu d'émergence du catharisme, en cette terre d'Arménie qui vit, entre les V^e et VII^e siècles, apparaître ces Pauliciens (du nom d'un certain Paul, fils de Kallinice) qui ne tardèrent pas à être persécutés pour leurs croyances qualifiées d'« hérétiques ». Pourtant, ces Pauliciens étaient de purs chrétiens, même si leur profession de foi était teintée de manichéisme, voire de mazdéisme zoroastrien. Mais le Christ lui-même ou, du moins, son message, n'a-t-il pas été un syncrétisme entre les religions païennes dites à tort « polythéistes », comme les religions à mystère, et la religion nouvelle ?

Une fresque d'un palais mycénien - datant de 1.500 avant J.-C. - représentait déjà un être entouré de lumière s'élevant vers les cieux alors que quelques disciples admiraient, au sol, le prodige. C'était quinze siècles avant que le Christ ne réalise sa propre « apothéose ». Tout bien considéré, ces Pauliciens n'étaient-ils donc pas, en se réclamant d'un christianisme primitif (celui des origines), les plus proches du message christique ? Et Alain Vuillemin de nous expliquer, ensuite, comment ces Pauliciens, déportés ou massacrés, trouvèrent refuge en Thrace, en une région correspondant à une grande partie de la Bulgarie actuelle.

C'est ainsi qu'apparurent en Europe, au X^e siècle, les Bogomiles (ces « Bougres » ou « Bulgares »), dignes descendants de ces Pauliciens venus d'Arménie. Or, les Bogomiles - tirant leur nom d'un prêtre « Bogomile » dont le nom signifiait, en slavon, « celui qui est digne de la pitié de Dieu » -, à leur tour persécutés, essaimèrent dans l'Europe occidentale, jusqu'à cette terre occitane qui fut si propice à la propagation de la « nouvelle » foi, principalement durant le XII^e siècle.