Chaînes enchantées

Cet ouvrage est le développement des conférences que l'auteur a donné en 2004 au Collège de France sur les aspects jusque-là très mal connus de l'univers mystique juif : les techniques et les rituels par lesquels certains mystiques ont cherché une « union » avec Dieu. L'objet même de l'enquête semble paradoxal puisque le mysticisme juif, tel qu'il fut exhumé par Scholem dans ses travaux sur la kabbale, apparaissait, pour l'essentiel, hérétique ou déviant, mais aussi parce que le judaïsme en général est rebelle à l'idée d'unio mystica. L'auteur relève le défi sur la base d'une critique des conceptions de Scholem qu'il justifie en utilisant des matériaux pour la plupart inédits dans les années 1930-1960, et dont beaucoup ont été rendus disponibles par la récente ouverture des bibliothèques de l'Est européen. On pénètre alors au sein de pratiques et de rituels où la voix, la diction, les combinaisons de lettres sont dotées de pouvoirs bien plus efficaces que la contemplation spéculative traditionnelle, et capables tout autant d'élever le monde vers la sphère divine que de provoquer la descente de la divinité sur terre. La magie, si décriée par Maïmonide, était loin d'être une pratique seulement marginale, et l'auteur explore systématiquement le champ des possibilités créatrices qu'elle ouvrait à travers toutes les stimulations sensorielles recherchées par ces mystiques.