Chaval, humour libre

Né à Bordeaux en 1915, Yvan Le Louarn, dit Chaval est l'un des dessinateurs français les plus importants du XX^e siècle. Après s'être essayé à la gravure, il se consacre au dessin d'humour, publiant dans des quotidiens et hebdomadaires, tels que Sud Ouest Dimanche, Paris Match, Le Nouvel Observateur ou Le Figaro.

Son humour âpre, grinçant, caustique s'exerce sans ménagement sur des contemporains dont il moque sans relâche la médiocrité et la bêtise avec un contretemps redoutable, souvent contenu dans les légendes de ses caricatures. Chaval ne laisse aucune chance à ses personnages, qu'il « anthropomorphise » pour mieux les dépouiller, jusqu'à la transformation ultime en oiseaux dans le court métrage Les Oiseaux sont des cons, chef-d'oeuvre de causticité.

Mais Chaval ne s'épargnait pas non plus et son existence tempétueuse aux côtés de la peintre Anny Fourtina s'acheva tragiquement par un double suicide. « Si mes dessins sont meilleurs que les autres, c'est qu'ils vont jusqu'au bout, disait-il, ils détruisent tout ; mais ils vont jusqu'au bout parce que j'y vais moi-même, et que je me détruis aussi. » Riche de 257 dessins originaux, le fonds Chaval du musée des beaux-arts de Bordeaux a été constitué par un don dé la mère de l'artiste, Jeanne Le Louarn, et récemment par l'achat de l'ancienne collection du peintre Edmond Boissonnet. Il représente le plus important fonds public consacré à l'artiste.