Le XVIe siècle

Qui, mais encore ? Marignan fut la victoire d'un roi chevalier, prince des gentilshommes, contre des "manans" Suisses, mercenaires au service du duc de Milan ; Marignan fut aussi décrite, par les contemporains, comme le triomphe du très-Haut, inscrit dans le ciel ("une grande comette ayant figure d'un grand dragon rouge enflambé"), et réalisé par le bras armé d'un souverain "oint de Dieu" le jour de son sacre, comparé à Constantin et à César, le "subjugateur des Helvètes".

Cette chronique du XVle siècle n'est pas seulement une collection de dates : elle a pour but de situer un événement, une vie, une oeuvre dans une séquence temporelle ; elle a pour but aussi de définir cette séquence par la mise en corrélation de multiples paramètres, économiques, politiques, religieux, culturels... Elle restitue la démarche première de toute approche historique, entendue comme simple chronologie (chronos / temps ; logos / discours).

En multipliant les angles d'approches et les points de vue, comme on dirait d'un observateur découvrant un paysage aux contours tourmentés, à mi-chemin d'une simple chronologie et d'un essai, passerelle entre l'enseignement et la recherche, cette chronique a été conçue, avant tout, comme un accompagnement de lecture pour faciliter l'accès aux travaux souvent très spécialisés des historiens. Elle a été construite pour faire naître le désir d'aller plus loin dans la réflexion, dans l'interprétation, ou tout simplement pour découvrir l'étrangeté souvent violente, la diversité toujours féconde de cette France de la première modernité.

Ce sont des séquences explosives, en effet, qui se pressent et se bousculent de 1498 à 1589, de l'humanisme conquérant du temps de Guillaume Budé et de Jacques Lefèvre d'Etaples, aux années de douleur et d'"espouvantement" qui culminent avec l'assassinat de Henri de Valois, le "Vilain Herodes" des Ligueurs qui se pensèrent, eux aussi, armés par Dieu pour détruire un "mauvais roi".