Chroniques des rois de Bisnaga

Hampi-Vijayanagar est si bien gouvernée à l'apogée de sa puissance, sous le règne de Krishnaraya, que ce dernier rempart hindou contre l'expansion musulmane venue du Nord fait l'admiration de marchands de chevaux portugais, Domingo Paes et Fernão Nuniz qui séjournent - trois ans pour ce dernier - dans la capitale dont ils abrègent le nom en Bisnaga.

Qui sont ces chroniqueurs d'occasion ? Une lettre adressée probablement à João de Barros, historien à Lisbonne, nous en révèle les noms. Nous n'en saurons pas plus.

Or, lesdits marchands, venus vendre des chevaux arabes parce que plus rapides, plus résistants, plus aptes aux combats que leurs congénères indiens, sont tellement versés dans l'art de la guerre, l'administration du pays, tellement curieux des moeurs - notamment le « sati » - intéressés par les détails de l'architecture des temples et la procession des fêtes que l'on en vient à se demander où et comment ils avaient pu accumuler tant de connaissances.

Ils passent en effet de la succession historique des dynasties qui ont bâti l'empire deux cents ans en arrière à la description des places fortes et de leur siège - notamment Raichur - puis à la vie quotidienne dans la rue, sur le marché et à l'intérieur du palais.

On assiste aux délibérations du Conseil du souverain musulman puis à leur réplique du côté hindou. Ils nous amènent si bien à comprendre l'origine et le développement des intrigues, des conflits, que nous sommes saisis par l'aventure où tout le possible paraît vraisemblable. C'est, pour tout dire, un excellent reportage.