Ciel et terre

La « sécularisation » a une histoire : d'abord terme technique issu du droit canon, elle a désigné, durant les deux derniers siècles, l'érosion des croyances et des pratiques religieuses au cours de la formation de notre « modernité » qui se comprend parfois elle-même comme un processus de « désenchantement » du monde ; pour finir, elle devient une notion décisive de toute philosophie de l'histoire. Mais reconstruire cette histoire fait apparaître un problème plus profond : toute théorie de l'histoire n'est-elle pas finalement tributaire d'un modèle théologique plus ou moins radicalement « sécularisé » ? Peut-on d'ailleurs concevoir aujourd'hui l'histoire en faisant l'économie de cette problématique ? La sécularisation est en fait la question essentielle autour de laquelle gravite l'articulation même de la théologie et du politique.

C'est la première traduction en français d'un ouvrage de Giacomo Marramao, et cet essai, qui joue le rôle d'un grand article d'encyclopédie, fait le point sur la question de la sécularisation, éclaire les différentes acceptions du terme au cours de son histoire moderne, tout en en présentant les grandes conceptions concurrentes.