Comment lutter contre l'exclusion des travailleurs malades ?

Nos concitoyens qui souffrent de maladies chroniques sont confrontés à une situation paradoxale : alors que leur souhait est de continuer à exercer un emploi, une grande partie d'entre eux peinent à maintenir leur insertion professionnelle. Au-delà de la maladie, dont l'évolution est souvent handicapante, ils ont donc aussi à faire face à une forme d'exclusion sociale, alors même que de nombreux dispositifs institutionnels et réglementaires sont justement destinés à prévenir une telle désinsertion. Au moment où les parcours professionnels s'allongent et où les conditions de l'exercice du travail recommencent à faire débat, il apparaît important de mettre en perspective les enjeux liés aux interfaces maladie et travail.

En 2010, la chaire Santé de Sciences Po et le Centre d'analyse des politiques publiques de santé (CAPPS) de l'École des hautes études en santé publique (EHESP) ont ainsi décidé de conduire un séminaire de réflexion sur l'impact des maladies chroniques sur le travail, dont les conclusions ont été publiées. Ce séminaire a permis d'effectuer un état des lieux précis des enjeux économiques et sociétaux du maintien de ces personnes malades dans leur emploi. Dans le prolongement de ce travail, la chaire Santé de Sciences Po et le CAPPS de I'EHESP ont organisé en mai 2011 le présent colloque au cours duquel ont été présentées et portées au débat les propositions issues du séminaire, tant en matière législative ou réglementaire que culturelle et sociétale. Des acteurs de terrain, des représentants institutionnels, des experts, engagés au quotidien dans cette problématique, s'y sont exprimés et ont débattu des recommandations issues de ces travaux. Le colloque, organisé avec le soutien institutionnel d'Abbott France et auquel plus de deux cents personnes ont participé, a été ouvert et clos par des parlementaires (les députés G. Lefrand et A. Vidalies) particulièrement impliqués dans ces questions de santé au travail.

Faire en sorte d'anticiper au maximum toute désinsertion de la personne malade dès les premiers signes de difficultés, sans attendre le déclenchement des mécanismes institutionnels, apparaît ainsi comme un enjeu central, une orientation prioritaire dont les débats ont tenté de cerner les conditions d'une faisabilité, à partir d'expériences concrètes d'ores et déjà menées sur le terrain.