Corps et affects dans la rencontre interculturelle

Devisch convie à le suivre entre 1972 et 2003 dans le groupe-hôte de Yakaphones du sud-ouest du Congo et des bas quartiers de Kinshasa. L'analyse du deuil, de la malédiction, de la divination, des conseils familiaux et des masques dansants montre des modalités efficaces, attentives aux affects, de gestion du conflit, de domestication de l'altérité adverse et de régénération de l'univers local. Les communes néopentecôtistes s'affranchissent par la parodie, tel le pillage de Jésus, tant des modèles coloniaux que la politique du ventre. Une réflexivité met en évidence le tissage corps-groupe-monde activé par une résonance entre les multiples formes de vie. L'ouvrage s'achève par l'ensorcellement fatal viciant ces connexions.

L'expérience conduit l'anthropologue, pris dans une alliance, à un renversement de perspective. Regarder l'ici depuis là-bas aide l'auteur et le lecteur à déceler une altérité en lui-même et dans sa culture natale. Pour mieux saisir l'en deçà du dire, la phénoménologie perspectiviste se tourne ci et là vers le dernier Lacan axé sur le corps parlant, le désir et l'indicible.