Course aux noces

Elles sont trois, trois soeurs aux destins liés : Oya, l'aînée, qui ne sait rien, ne gère rien ; Baké qui sait tout, qui gère tout ; Madila, qui sait tout mais ne gère rien.

Apparemment, tout va pour le mieux. Pourtant, suite à une tentative de suicide d'Oya, les commérages se déchaînent dans son quartier, autour de sa situation de célibataire et d'une rupture amoureuse récente.

C'est à son chevet qu'éclatera la vérité, une vérité que les deux autres soeurs lui ont bien cachée et qui va prendre soudain des allures de tragédie. Nathalie Hounvo Yekpe questionne, à travers cette pièce, la pression que subissent les femmes africaines dans leurs rapports aux hommes et à la société.

Oya : Tu sens au quotidien le regard des autres près de ta nuque. Dans ton dos, ça chuchote, ça murmure. Tu tournes le dos, ça se touche du bout des ongles, ça grimace. Des rires éclatent. Tu te retournes, ça se touche du bout des ongles, ça se tait. Les autres, ils font ça. Tout le temps, ils font ça. Toi, tu passes. Tu passes, ils chuchotent. Tu passes, ils murmurent. Tu passes, ils se touchent du bout des ongles. Tu passes, ils grimacent. Tu passes, ils éclatent de rire. Tu te retournes, ils se taisent. Ils se taisent quand tes soeurs passent. Elles sont inquiètes, tés soeurs. Inquiètes de ce qui se dit. Pour toi, elles ont de la peine. La famille est alarmée, les tantes tchipent. Toute la famille se plaint. Les oncles, les tantes, les cousines, les poules... Ils disent : « Elle a vingt-cinq ans, pas fiancée » ; « Elle a trente ans, pas mariée » ; « Trente-cinq ans, toujours pas mariée » ; « Quarante ans, quelle honte ! »