D'une palette à l'autre

Au milieu des années soixante-dix, apprenant que son ami le critique d'art franco-suisse Pierre Courthion (1902-1988) projette d'écrire ses mémoires, le cardinal Journet s'en réjouit : «il a rencontré tant de, personnes, vu, connu et aimé tant d'artistes, il les a compris dans leur recherche de la Beauté - qui est un des noms de l'Absolu ».

Ce livre paraît aujourd'hui. Pierre Courthion y égrène ses souvenirs et nous entraîne dans le tourbillon d'une vie consacrée à l'art sous toutes ses formes. Valaisan de Genève, fils d'un homme de lettres du Vieux Pays, il quitte très tôt la Suisse romande pour rejoindre Paris, la «Ville des villes». On le découvre tour à tour jeune peintre, critique d'art, fonctionnaire dé la Société des Nations, directeur de la Fondation suisse à la Cité Universitaire de Paris, défenseur par la plume de la France libre, puis membre fondateur de l'Association internationale des critiques d'art ou encore conférencier en Amérique. Proche de peintres tels que Raoul Dufy, Henri Matisse, Pierre Bonnard et Georges Rouault, il soutient également les représentants dés nouveaux courants qui s'épanouissent aprèsguerre, Nicolas de Staël en particulier.

Véritable free lance au sein de ce milieu où se côtoient artistes et collectionneurs, galeristes et marchands, éditeurs, critiques et historiens, Pierre Courthion constitue en soixante ans de carrière une impressionnante bibliographie consacrée essentiellement aux grands peintres qui, depuis l'impressionnisme, renouvellent l'art contemporain.

SIMON ROTH