Daïku

1824 : Ludwig van Beethoven est déjà atteint de surdité. Pourtant, le maestro se lance dans la composition de sa future Neuvième symphonie.

1914 : le jeune Markus Kramer, engagé dans le 3^e régiment de fusiliers marins de l'armée allemande, débarque à Tsingtao, futur théâtre d'un siège qui le conduira à interpréter la Neuvième symphonie au Japon, dans un camp de prisonniers.

Ode à la musique classique, ce roman dévoile une page méconnue de l'histoire mondiale. À travers le destin d'un jeune mélomane suisse engagé dans l'armée du II^e Reich, la petite histoire se mêle à la grande pour nous offrir le récit passionnant des fronts orientaux de la Grande Guerre et du parcours de l'oeuvre de Beethoven au Japon.

L'avancée des Américains se fait au son des violons. Cette musique ne leur parvient pas. Elle est là, cependant. À des milliers de kilomètres, sur une île du Japon. L'île de Shikoku. [...] Les prisonniers de guerre du Pacifique sont les maîtres d'oeuvre de ce chant onirique. Une symphonie pour eux, un requiem pour les autres.

[...]

Les hommes sont surpris dans leur élan par une balle qui traverse leur tête, percute leur colonne vertébrale, arrache un membre. Cela n'arrête pas les Américains. Ils avancent. Une nouvelle vague yankee monte à l'assaut lorsque débute le deuxième mouvement. Celui du scherzo. Une place étonnante pour une composition musicale plutôt habituée au troisième mouvement. Très vite, son côté burlesque est effacé par la montée en puissance des cordes. L'auditoire est saisi. Les soldats n'en ont cure. Même précision des gestes, même ignorance de la fin. Ils ont la certitude d'être immortels. La symphonie seule sera éternelle.