De la constance

L'humaniste flamand Joost Lips, dit Juste Lipse et Justus Lipsius (1547-1606), constitue un représentant éminent de la philosophie néo-stoïcienne pendant la Renaissance. Devenu luthérien en 1570, puis de nouveau catholique en 1590, il demeure toujours fidèle à la tradition du stoïcisme antique.

De la Constance, publié en 1584, est un des ouvrages où il exprime le plus vigoureusement ses convictions philosophiques. Loin de ne traiter que des «afflictions publiques», comme le sous-titre pourrait le laisser penser, Lipse propose une morale applicable à chaque moment de l'existence. Après avoir montré que les lamentations sur les maux qui affectent la société toute entière ne sont souvent qu'une façon pour la personne d'exprimer ses craintes pour ses affaires privées, et grâce à une théorie subtile du destin et de la providence divine, Lipse indique comment les souffrances et les misères que subissent les individus, isolément ou collectivement, sont décidées par la volonté divine pour le bien de ces individus ou du monde.

Le but vers lequel conduit le chemin de la sapience est ainsi la constance, «juste et ferme force d'un esprit qui n'est point élevé ou abaissé de ce qui est externe ou fortuit». Si la voie est rude et difficile, l'accession à la constance permet à l'homme sage de supporter volontairement et sans débat tout ce qui lui advient et advient autour de lui.