Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 324 pages
Poids : 600 g
Dimensions : 15cm X 22cm
EAN : 3600121084841
De la guerre
le discours de la Deuxième Internationale, 1889-1914
Quatrième de couverture
Comme le souligne Madeleine Reberioux dans sa préface, la nouveauté de cet ouvrage est évidente. En étudiant le discours de la Deuxième Internationale, Ivan Muller est parvenu à mettre en valeur le fait, souvent négligé, que le discours politique n'est pas un simple véhicule d'idées, un support neutre qui ne mériterait que peu d'attention. Toute son étude est là, au contraire, pour témoigner que les propos tenus par l'Internationale et ses membres non seulement réflètent leurs pratiques politiques mais également constituent, en retour, une inévitable contrainte. Certes, à première vue, il semble que les conclusions auxquelles aboutit l'auteur ne fassent que confirmer les thèses déjà amplement développées par les spécialistes du mouvement ouvrier. Pour une part, cette constatation est exacte ; mais, il va, en réalité, beaucoup plus loin. En mettant en lumière la conjonction des contraintes purement discursives et des contraintes d'ordre tactique, l'auteur fait apparaître un phénomène autrement intéressant pour l'historien : la standardisation du discours internationaliste, c'est-à-dire, son alignement sur une idéologie dominante, avec pour corollaire, sa perte progressive de toute efficacité.
La démarche méthodologique retenue ne manquera pas de "hérisser" certains historiens ; elle n'en constitue pas moins l'autre aspect novateur de cette recherche. Cet ouvrage interpelle très directement le monde des historiens en posant, sans ambiguïté, le problème de la place à accorder aux discours dans l'analyse historique. Il est important de savoir qu'une affirmation politique est vraie ou fausse, mais il est encore plus important de savoir si elle est prise pour vraie ou pour fausse par le public. La force d'un discours politique ne se mesure pas à son adéquation à la réalité, mais à sa capacité à faire croire qu'il est la réalité ; telle est, en résumé, l'idée maîtresse de la présente étude, idée qui atteste, en tout état de cause, le courage de l'auteur qui n'a pas hésité à ouvrir à nouveau un débat qui sera, quelle qu'en soit l'issue, extrêmement fructueux pour l'ensemble de la science historique.