Dernière Manche

« - Tu es blessé, il faut appeler la police !

- Police, no !

D'un mouvement laborieux, il se met sur ses deux jambes et s'avance vers moi en boitillant, ses deux mains cramponnées à sa barre de fer.

- OK, OK ! je crie, en mettant mes mains en avant par réflexe pour me protéger.

Soudain, j'entends les appels de mon père.

Nos regards se croisent. Mon père ne va pas tarder à tomber sur l'entrepôt.

Le garçon lâche la barre de fer et me supplie de son regard rempli de peur.

- Please. Pas parler. »

Manoé est français. Hazrat est afghan. Le premier est fils de marin pêcheur, le second un migrant isolé. Ils n'ont rien en commun, sinon la volonté obstinée de traverser la Manche, pour se rendre là-bas, en Angleterre. Et pour arriver à leurs fins, ils sont prêts à tout, quel qu'en soit le prix.