Des réseaux et des hommes

Depuis 1995, la commission «Histoire du renseignement» du Centre d'études d'histoire de la Défense (CEHD) se réunit chaque mois, pour apporter sa contribution à l'élaboration d'une «culture française du renseignement», qui semble faire défaut à notre pays. Cet ouvrage est le recueil des communications de la commission pour les années 1999-2000. Si les textes présentés ici ne s'inscrivent pas, à proprement parler, dans une problématique d'ensemble, cinq d'entre eux ont pourtant en commun de s'intéresser au renseignement pendant la Seconde Guerre mondiale. Les «réseaux et les hommes» y ont la part belle, avec la présentation des Druides, un réseau militaire issu des Compagnons de France, ou encore du réseau Gallia, créé par le BCRA au cours de l'hiver 1942-1943, avec mission de centraliser et de transmettre à Londres les renseignements recueillis sur le terrain par le SR des Mouvements unis de Résistance (MUR). Sont ensuite évoqués les réseaux, militaires et civils, qui s'organisent clandestinement en Indochine, pour transmettre aux Alliés, puis à la France libre, des informations sur le dispositif japonais.

Les faiblesses des services soviétiques, à la veille de la «Grande guerre patriotique», sont également mises en exergue, de même que l'engagement en France, en 1944, de 150 équipes des forces spéciales alliées, pour porter assistance à la Résistance et participer à la lutte contre l'occupant.

Pour autant, les aspects «techniques» du renseignement ne sont pas occultés, qu'il s'agisse de la cryptographie militaire à la veille de la Première Guerre mondiale ou de la guerre électronique, à travers l'exemple de l'attaque de l'USS Liberty par les Israéliens, en pleine guerre des Six Jours.

Au-delà de leur intérêt scientifique, ces diverses contributions à l'histoire du renseignement rappellent l'importance du facteur humain. A l'ère du multimédia et d'Internet, la croissance exponentielle des flux d'informations rendent plus nécessaires que jamais la formation d'analystes. Les problèmes du renseignement technique - la guerre du Golfe en est un exemple édifiant - occupent bien souvent les devants de la scène, au détriment de cet élément essentiel qu'est le jugement humain.

Le passé se révélant souvent source d'enseignements, le CEHD espère contribuer, par ses travaux, à la réhabilitation de ce facteur humain, pour un meilleur contrôle de l'information.