Dessine-moi un taureau

Jean-Marie Magnan rassemble, dans ces chroniques, ses souvenirs de deux grands toreros français actuels, Sébastien Castella et Juan Bautista. Cette mise en perspective historique sert d'appui à une analyse en profondeur de leur art respectif, de leurs failles et de leurs triomphes.

L'auteur, de sa plume érudite et littéraire, en profite pour passer en revue tous les thèmes de la corrida : l'érotisme, la mort, la blessure, l'hispanité, la peinture et même l'architecture symbolique de la plaza de toros. Il ne parle ainsi pas seulement des deux toreros et de leur carrière, mais également d'autres couples de toreros amis/rivaux, comme Ordóñes/Dominguín, El Cordobés/Curro. Et puis Manolete et bien sûr José Tomás.

"Plus de soixante ans ont passé et je n'épuiserai jamais le prodige de la fête tauromachique. Le couple de l'homme et de la bête célèbre des noces indicibles dans un silence coupé des brefs appels du torero et du souffle rauque du fauve en réponse. Leurs sensibilités se complètent. L'accord rythmique suspend la menace. La plus inventive des chorégraphies naît du danger. Un Eros rayonnant fait reculer Thanatos, ne serait-ce que provisoirement.

La corrida se conjugue au plus-que-parfait, non pas comme une leçon apprise qui se répéterait ni comme une exacte science préexistante, (...) mais comme un amour qui grandit notre être et altère par son jaillissement de source toujours renouvelé notre soif de merveilleux."

J.-M. Magnan