Deux Poitevins

Jean Toulat est un prêtre militant de la non-violence et Gonzague Blandin de Chalain un militaire qui a combattu durant trois guerres (1939-1945, Indochine et Algérie). Les réunir biographiquement peut sembler étonnant voire incongru. Ils ont su développer, chacun dans leur partie, un incontestable humanisme. Toulat, né à Chauvigny d'une famille de notables, curé de Jardres (Vienne) de 1944 à 1946, et de Chalain, né à Jardres d'une famille aristocratique jurassienne installée au château de l'Épinoux (Jardres) début XIX^e siècle, ont en commun une passion pour la France, la République et l'Homme.

Jean Toulat devient directeur de presse et éditorialiste de 1945 à 1975 au Courrier Français, édition poitevine et auteur de 32 ouvrages, dont l'un, Juifs, mes frères, lui a valu d'accompagner le pape Paul VI en Terre Sainte en 1964, tout en étant curé de Saint-Porchaire à Poitiers jusqu'en 1973.

Gonzague de Chalain passe en Zone Non Occupée en 1941 et, après son engagement dans l'armée française et devenu officier au 8^e RCA (Régiment de Chasseurs Algériens) sur « Tank Destroyer », il fait la campagne d'Italie, celle de France et celle d'Allemagne. Il se bat pour la France en Indochine, et, après un séjour en occupation en Allemagne, il part en Algérie. C'est au cours de ces dernières périodes qu'il découvre des pratiques d'interrogatoires de « suspects » qui, selon lui, étaient déshonorantes pour l'uniforme de l'armée française, qu'il a pensé quitter vers 1960. Tout juste retraité en 1971, il est interviewé par Jean Toulat qui lui consacre un chapitre de son livre Les grévistes de la guerre, dans lequel de Chalain fait part de ses interrogations et de sa désapprobation à l'encontre de la torture. Une carrière d'élu municipal (maire de Jardres) et départemental (Conseiller Général de la Vienne) s'ouvre à lui de 1971 à 2001.