Rayon Histoire générale
Dictionnaire historique et critique : miscellanea philosophica

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : XIX-224 pages
Poids : 975 g
Dimensions : 23cm X 34cm
ISBN : 978-2-251-15003-1
EAN : 9782251150031

Dictionnaire historique et critique

miscellanea philosophica


Collection(s) | Graphê
Paru le
Broché XIX-224 pages
un projet graphique du Théâtre des opérations
présenté par Alexandre Laumonier
Public motivé

Quatrième de couverture

Savonarola - Spinoza

que leur langue, et la prévention des Peuples, sola majestate armati, sont exposés à de grands revers. Je ferai une Remarque sur les diverses manières dont on a écrit son nom (R).

jamais de réussir. De là vient, que tous les Princes, que j'ai nommés, ont vaincu ayant les armes à la main, et ont péri étant désarmés. Car, outre les raisons déduites, l'esprit des peuples est changeant. Il est aisé de leur persuader une chose, mais il est difficile de les entretenir dans cette persuasion. Il faut donc mettre si bon ordre, que lorsqu'ils ne croient plus, on puisse leur faire croire par force. Moïse (...), Cirus, Tésée, et Romulus, n'eussent jamais pu faire observer longtemps leurs Lois, s'ils eussent été désarmés, ainsi qu'il est arrivé de notre temps au Jacobin Jérôme Savonarole, qui se perdit, faute d'avoir la force de faire persévérer dans leur Créance ceux qui avaient cru ses paroles, et de les faire croire aux Incrédules (...) ».

(R) [Je ferai une Remarque sur les diverses manières dont on a écrit son nom.] La véritable est Savonarola ; mais il a été permis aux Français de changer un peu la terminaison en disant Savonarole. Ils devaient se contenter de ce changement, et ne pas dire Savanarole, comme font presque tous. Quelques-uns ont porté beaucoup plus loin la licence ; car Du Verdier Vauprivas184 écrit Savoranole : Prateolus185Sevanarola : Du Plessis Mornai186 et Jaques Gohori187Savonaroola : Florimond de Remond188Savoranolle : Un Disciple de Mr. Buddeus189Savanorola.

Ceci confirme ce que j'ai dit en d'autres endroits190.

184 Dans sa Prosopographie, Tom. III, p. 2330.

185 Au II Tome de son Histoire de l'Église, folio 304.

186 Mystère d'Iniquité, à l'Édition de Saumur in folio, et à l'Édition de Genève in 8.

187 Dans la traduction de Machiavel sur le Tite Live, Livre. I, Chap. XI.188 Hist. de l'Hérésie, Livr. II, Chap. I, pag. m. 121.189 Dans une thèse soutenue à lIëne l'an 1690. 190 Dans la Remarque B de l'article EPHORE. Voyez aussi l'Article MONTMAUR, au commencement du Texte, à la marge.

Pinoza (Benoît de) Juif de naissance, et puis déserteur du Judaïsme, et enfin Athée, était d'Amsterdam. Il a été un Athée de Système, et d'une méthode toute nouvelle, quoi que le fond de sa Doctrine lui fût commun avec plusieurs autres Philosophes anciens et modernes, Européens et Orientaux (A). À l'égard de ces derniers on n'a qu'à lire ce que je rapporte dans la Remarque D de l'Article du Japon, et ce que

(A) [Il a été un Athée de Système, et d'une méthode toute nouvelle, quoi que le fond de sa Doctrine lui fût commun avec plusieurs Philosophes anciens et modernes, Européens et Orientaux.] Je crois qu'il est le premier qui ait réduit en Système l'Athéisme, et qui en ait fait un Corps de Doctrine lié et tissé selon les manières des Géomètres ; mais d'ailleurs son sentiment n'est point nouveau. Il y a longtemps que l'on a cru que tout l'Univers n'est qu'une substance, et que Dieu et le Monde ne sont qu'un seul être. Pietro della Valle a fait mention de certains Mahométans qui s'appellent Ehl Eltahkik, ou hommes de vérité, gens de certitude, qui croient qu'il n'y a pour tout que les quatre éléments qui sont Dieu, qui sont l'homme, qui sont toutes choses1. Il parle aussi des Zindikites, autre Secte Mahométane. Ils approchent des Sadducéens, et ils ont pris leur nom d'eux. Ils croient qu'il n'y a point de providence, ni de résurrection des morts, comme l'explique Giggoïus sur le mot Zindik2... Une de leurs opinions est que tout ce que l'on voit, que tout ce qui est dans le monde, que tout ce qui a été créé, est Dieu3. Il y a eu de semblables Hérétiques parmi les Chrétiens ; car nous trouvons au commencement du XIII Siècle un certain David de Dinant, qui ne mettait nulle distinction entre Dieu et la matière première. On se trompe quand on affirme qu'avant lui personne n'avait débité cette rêverie4. Albert le Grand ne parle-t-il pas d'un Philosophe qui l'avait débitée ? Alexander Epicureus dixit Deum esse materiam, vel non esse extra ipsam, et omnia essentialiter esse Deum, et formas esse accidentia imaginata ; et non habere veram entitatem, et ideo dixit omnia idem esse substantialiter, et hunc Deum appellavit aliquando Jovem, aliquando Apollinem, et aliquando Palladem ; et formas esse peplum Palladis, et vestem Jovis ; et neminem sapientum ajebat ad plenum revelare posse ea quae latebant sub peplo Palladis et sub veste Jovis5. Quelques-uns croient que cet Alexandre a vécu au temps de Plutarque6 ; d'autres marquent en propres termes qu'il a précédé David et Dinant. Secutus fuit Alexandrum qui fecit librum de materia, ubi probare conatur omnia esse unum in materia. C'est ce que l'on lit à la marge du Traité où Thomas d'Aquin réfute cette extravagante et monstrueuse opinion7. David de Dinant ignorait peut-être qu'il y eût un tel Philosophe de la Secte d'Épicure ; mais pour le moins faut-il qu'on m'avoue qu'il savait très bien qu'il n'inventait pas ce dogme. Ne l'avait-il pas appris de son Maître ? N'était-il pas le Disciple de cet Amaulri, dont le cadavre fut déterré et réduit en cendres l'an 1208, et qui avait enseigné que toutes choses étaient Dieu, et un seul être8 ? Omnia sunt Deus : Deus est omnia. Creator et creatura idem. Ideae creant et creantur. Deus ideò dicitur finis omnium, quòd omnia reversura sunt in ipsum, ut in Deo immutabiliter conquiescant, et unum individuum atque incommutabile permanebunt. Et sicut alterius naturae non est Abraham, alterius Isaac, sed unius atque ejusdem : sic dixit omnia esse unum, et omnia esse Deum. Dixit enim, Deum esse essentiam omnium creaturarum9. Je n'oserais dire que Straton Philosophe Péripatéticien ait eu la même opinion ; car je ne sais pas s'il enseignait que l'Univers ou la Nature fût un être simple, et une substance unique : je sais seulement qu'il la faisait inanimée, et qu'il ne reconnaissait d'autre Dieu que la Nature. Nec audiendus ejus (Theophrasti) auditor Strato is qui Physicus appellatur, qui omnem vim divinam in natura sitam esse censet, quae causas gignendi, augendi, minuendi habeat, sed careat omni sensu ac figura10. Comme il se moquait des atomes et du vide d'Épicure, on pourrait s'imaginer qu'il n'admettait point de distinction entre les parties de l'Univers ; mais cette conséquence n'est point nécessaire. On peut seulement conclure que son opinion s'approche infiniment plus du Spinozisme, que le Système des atomes. La voici plus amplement exposée : Negas sine Deo posse quicquam, ecce tibi è transverso Lampsacenus Strato, qui det isti Deo immunitatem magni quidem muneris. Sed quum Sacerdotes Deorum vacationem habeant, quanto est aequius habere ipsos Deos ? Negat opera Deorum se uti ad fabricandum mundum. Quaecunque sint docet omnia effecta esse natura, nec ut ille qui asperis, et levibus, et humatis, uncinatisque corpusculis concreta haec esse dicat interjecto inani, somnia censet haec esse Democriti non docentis, sed optantis. Ipse autem singulas mundi partes persequens, quicquid aut sit, aut fiat, naturalibus fieri, aut factum esse docet ponderibus et motibus : sic ille et Deum opere magno liberat, et me timore11. On a même lieu de croire qu'il n'enseignait pas, comme faisaient les Atomistes, que le Monde fût un ouvrage nouveau, et produit par le hasard ; mais qu'il enseignait, comme font les Spinozistes, que la Nature l'a produit nécessairement et de toute éternité. Les paroles de Plutarque que je vais citer, signifient, ce me semble, si on les explique comme il faut, que la Nature a fait toutes choses d'elle-même et sans connaissance, et non pas que ses Ouvrages aient commencé par un cas fortuit. (...). Denique mundum ipsum animal esse negat (Strato) vultque naturam sequi temerarios fortunae impetus, initium enim rebus dare spontaneam quandam naturae vim, et sic deinceps ab eadem natura physicis motibus imponi finem12. Cette Traduction que j'ai trouvée à la page 58 du Commentaire de Lescalopier sur les Livres de Cicéron de Natura Deorum, et où j'ai ajouté enim après initium, est meilleure que celle d'Amyot, et que celle de Xylander ; elle a néanmoins quelque chose qui ne répond pas à l'idée qu'on doit se faire du sentiment de ce fameux Philosophe, le plus grand de tous les Péripatéticiens13 : les termes temerarii fortunae impetus dérangent la symétrie de son Système ; et nous voyons que Lactance le distingue de celui des Épicuriens ; il en ôte le cas fortuit. Qui nolunt, dit-il14, divina providentia factum esse mundum, aut principiis inter se temerè coëuntibus, dicunt esse concretum, aut repente natura extitisse. Natura verò (ut ait Straton) habere in se vim gignendi, et vivendi, sed eam nec sensum habere ullum, nec figuram ; ut intelligamus, omnia

Quiconce lira la Bible de sens rassis, dit Machiavel (au 30 chapitre du livre 3 de ses Discours) verra, que Moïse pour rendre ses lois inviolables, fut forcé de faire mourir une infinité d'hommes, qui par envie s'opposaient à ses desseins. Moïse ayant assemblé les Israélites, il leur dit ces paroles Haec dicit Dominus, deux Israël Ponat vir gladium super femur suum : Ite, et redite de porta usque ad portam per medium Castrorum, et occidant unusquisque fratrem et amicum et proximum suum. Feceruntque alii levi justa sermonem Moysi, cedideruntque in die illa quasi viginti tria milia hominum (Exodi 32 ; 37). (...) Machiavel dit, qu'il avait persuadé au Peuple de Florence, qu'il parlait avec Dieu (Disc, lib ; I. cap. XI). Nardit dit que ceux du parti de Savonarole étaient appelés à Florence, Piagnoni, c'est a dire, des Pleureux, ou les Hypocrites : Et ses ennemis, Arrabiati, c'est à dire, les Enragés, ou les Indisciplinables (Histor. Flor. lib. 2).

Avis des lecteurs

Du même auteur : Pierre Bayle