Don Quichotte sur le retour

Don Quichotte sur le retour

Alonso souffre d'une double aliénation, puisqu'il se prend pour don Quichotte qui se prenait lui-même pour un chevalier errant. La faute aux livres qui, mal dosés, peuvent vous monter au ciboulot.

Quand il se retrouve dans le cabinet d'une thérapeute, ce n'est pas dans l'intention de consulter, mais uniquement parce que la dame se prénomme Dulcinée. Jouant de cet unique atout, celle-ci s'emploie à séduire son excentrique patient envers et contre toutes les règles du métier et à le guérir à son corps défendant.

Du haut des cieux, Saint-Pierre se prend d'affection pour ce personnage hors norme au moment où, lassé par la tournure de l'histoire humaine et écoeuré de tout ce sang, il s'apprêtait à refermer le grand livre de la vie. Entre chaque chapitre, il échange avec Dieu quelques commentaires qui dénotent une certaine perplexité devant la nature humaine.

Son patronyme devrait faire d'elle l'amie des oreillers : il n'en est rien. A longueur de nuits, elle les tord et les retourne, les frappe et les secoue pour leur redonner forme et contenance. Un seul ne saurait lui suffire ; il lui en faut toute une collection qu'elle maltraite tour à tour, à mesure que l'un ou l'autre perd de sa fraîcheur.

Le prénom doit être antinomique du nom, ce qui fait de Sabine Dormond un oxymore ; une Sabine ça turbine, ça froisse les plumes, ça tord les taies et ça essore les oreillers. Une Sabine, ça se débine au petit matin, les laissant tout chiffonnés de cette agitation. Alors Dormond, tu repasseras.