Edvard Munch (Peter Watkins, 2005)

Le film

Entre inspiration artistique et initiation amoureuse, affirmation de soi et puritanisme social, Eduard Munch de Peter Watkins nous entraîne dans les méandres de la création artistique, celle d'un jeune peintre qui se découvre au sein d'une Europe prise dans le tumulte des conflits de son époque. D'un cinéaste comme Watkins, engagé depuis le début des années 1960, on n'attendait pas un biopic. Contemporain de ces années 1970 marquées par la contestation esthétique et politique, le film articule une réflexion sur l'art et un point de vue idéologique, sous la forme d'une hybridation de la fiction, d'un désordre chronologique et d'une discordance sonore.

Dans une oeuvre qui interroge la modernité et critique radicalement les modes de représentation institutionnels, l'art - la peinture, le cinéma - devient réquisitoire contre une société fondamentalement hypocrite et injuste. La part d'autobiographie dans la biographie transforme Munch en reflet d'un Watkins libéré par le peintre, et entraîne le spectateur à s'investir dans un film miroir où, emporté par la beauté lumineuse du grain de l'image, l'éclat de la couleur et la fulgurance du montage, il est piégé pour son plus grand plaisir.