De Cocagne à Convoi de femmes

Encyclopédie des longs métrages français de fiction 1929-1979

Coeur de Lilas garde le reflet cinématographique de ces années où l'on découvrait le plaisir d'entendre parler et chanter. Magie du cinéma sonore, lorsqu'à la sortie d'un fort de la banlieue parisienne, les gamins du quartier parodient la marche cadencée d'une troupe un peu avachie, fatiguée dès le départ et insensible aux stridences du clairon. L'environnement fait ensuite la part belle aux affiches réclames de Banania, de Viandox, de la publicité pour Salabert, éditeur musical de Maurice Yvain. Des veuves drapées dans leurs voiles funèbres vont fournir à un juge d'instruction prolixe et satisfait de l'être prétexte à une phraséologie soulignant son impeccable diction. Mieux vaut se retrouver dans ces bals musettes poussiéreux, si bien dépeints par René Clair. Au son de l'accordéon, l'on y côtoie Fréhel renfrognée, lucide et désabusée. On y rencontre un Jean Gabin en rupture d'opérette. Il chante tout de même La Môme Caoutchouc avec cette verve qu'il prodiguera plus tard en se promenant au bord de l'eau un beau dimanche d'été.
Raymond Chirat, à propos de Coeur de Lilas (Anatole Litvak, 1931).

L'Encyclopédie des Longs Métrages français de fiction 1929-1979 - Volume 8 est le huitième tome d'un vaste projet éditorial visant à inventorier l'intégralité de la production sonore mise en chantier au cours des cinquante premières années du Parlant en France.