Les enfants nés avant

Les enfants nés avant

Naître avant... Est-ce un si lourd fardeau ? Tout dépend bien sûr du poids à la naissance puisque le poids détermine le critère de prématurité. Il suffit de peser plus de 1 500 grammes et le nouveau-né n'est plus classé prématuré, même s'il est né avant. Pour un poids inférieur, le temps est la variable cruciale. Bien sûr le poids est corrélé au temps. Plus l'enfant naît tôt et plus il naît léger. Né à 800 grammes, aux alentours de 24-25 semaines, pour quel devenir ? Plus l'enfant naît avant, plus le risque est grand. Au point qu'avancer l'âge de la naissance devient un problème éthique : à quel être donne-t-on vie ? Quel type de limitations contraindra son développement ?

Doit-on se référer à un développement en fonction de l'âge gestationnel à la naissance, ou en fonction de l'âge de naissance ? Les deux sont insatisfaisants. L'un ne prend pas en compte l'expérience extra-utérine, l'autre minimise l'impact du développement foetal. Car le temps foetal c'est aussi celui de la construction des compétences sensorielles et motrices, de leur couplage dans des expériences que le foetus s'offre à lui-même. À 25 semaines de vie foetale, la mobilité du visage permet toutes les expressions faciales primaires d'émotion. Leur exercice n'est pas encore à but communicatif mais il permet de constituer un répertoire de traces sensorielles bien aptes à élaborer ensuite une correspondance avec les expressions faciales des autres. De même, l'imitation néonatale est rendue possible par l'ajustement du rappel d'expériences motrices du foetus. Ainsi semble se constituer un protosystème miroir nécessaire à la réponse sociale aux actions d'autrui. Ce temps-là, ce temps de constitution d'un répertoire de traces sensorielles issues du mouvement, manque au nouveau-né trop tôt soumis au couplage croisé entre sa propre action et sa perception de l'autre. Comment faire ?

Voilà une question parmi beaucoup d'autres que pose l'expérience du nouveau-né prématuré.

Ce numéro thématique d'Enfance, coordonné par Daniel Mellier, donne des réponses à de multiples aspects de cette question de santé publique.