Chroniques d'Israël

Après une enfance dans l'Algérie en guerre puis 27 années en France, venir s'installer en Israël par idéal sioniste comme jeune adulte à 34 ans avec femme et enfants n'est pas toujours un pari gagné d'avance. C'est que dans cette trajectoire en forme de « mutation d'identité » reliant trois continents qui débuta à Alger, passa par Paris puis déboucha à Jérusalem, se sont succédés épreuves et défis : intégrer en soi les espaces fascinants d'Eretz Israël ; faire sien l'hébreu après une immersion continue de plus de trois décennies dans la langue de Molière et Camus ; élever ses jeunes enfants dans l'entre-deux culturel de l'exil et du retour, alors que le temps filant dans ce pays comme une étoile, ils sont vite devenus des adolescents puis de jeunes Israéliens à l'orée du mariage ; passer par l'incontournable creuset sociétal de Tsahal...

Puis sont venus les défis d'un parcours journalistique francophone, les pesanteurs socio-politiques trop figées du pays, les contraintes sécuritaires au quotidien à l'heure des guerres du Golfe, des Intifadas et des tirs de roquettes suivies en enfilade par les couvre-feux paralysants du corona, puis par les manifestations très tendues pour ou contre la réforme judiciaire sur une scène politique de plus en plus bloquée... Le tout débouchant sur le désastre national du 7 octobre auquel ont succédé, de manière stupéfiante, un élan et un jaillissement unitaires de toute la société israélienne.

Ce n'est pas une expérience facile à vivre dans une seule vie que de se désajuster d'un pays où l'on avait toujours vécu pour se réajuster à un pays auquel on appartient au plan de la conscience et des symboles, la France métropolitaine, et finir par s'en désinvestir au profit d'une terre élective, devenue au fil des siècles une terre enchantée, Israël.