Essai sur la quantité, la qualité, la relation chez Kant, Hegel, Deleuze

Cet essai aborde ensemble les pensées de Kant, Hegel, et Deleuze, dont on sait combien elles sont en tension. Il s'agit pourtant ici de refuser les décrets trop tranchants que les «systèmes» institués portent les uns sur les autres ; et de tenter d'entrecroiser les auteurs au plus étroit de leurs proximités. Complémentarité de l'intuition et de l'entendement dans le jugement synthétique a priori ; négativité distendant le Même jusqu'à l'extrême de l'altérité dans la contradiction dialectique ; affirmation unilatérale de l'intensité dans la pensée de la différence pure : ces trois dispositifs divergents ont ceci de commun qu'ils adviennent sur un sol déserté d'instances métaphysiques transcendantes ; un sol où, si philosopher a bien toujours trait à un certain régime de nécessité, celle-ci dorénavant devra être inventée ; et inventée, à chaque fois, comme un certain rapport, en la pensée, de son action à sa passion. Exploiter au maximum les frôlements qui peuvent survenir entre différentes manières de réguler ce rapport, ce n'est pas vouloir œcuméniquement les réconcilier ; mais peut-être au contraire se donner la possibilité, par une sorte de genèse fictive et rétrospective, de saisir leur différence au moment même où elle se fait.