Et, passant...

Ce livre rend compte d'un « atelier de recherche » proposé à deux ateliers d'écritures-lectures pendant plus d'un an, à la Bibliothèque populaire de Lajoux. Chaque participant a écrit en fonction d'un « cahier des charges » qu'il a suivi, plus ou moins. Le travail a été mené en commun, même si la quête individuelle s'est révélée essentielle.

Chacun « poursuit sa naissance » selon la belle expression du poète André Frénaud. L'expérience singulière qu'offre la tentative de s'inscrire dans « la vie de la littérature » prend corps dans l'espace que crée le travail d'écrire, toutes perceptions et toutes réflexions nouées, dénouées, renouées pour éprouver le pouvoir de la langue comme lieu commun et comme élan personnel simultanés, impossibles à dissocier. Ce geste élabore une humaine durée, perméable, singulière et partageable. Il arrive qu'on avance sans bien comprendre : écrire devient alors l'épreuve d'une opacité. Parfois, la joie de croire au don du monde par la langue s'est libérée et a offert de nouvelles manières de sentir, de comprendre, d'être là. Ce n'est peut-être qu'une chimère.

Mais, comment, sans ce geste, inventer une lisibilité, comment faire s'épanouir un sentiment d'exister complexe, plus accueillant même s'il reste précaire. Et si ce n'est presque rien, déjà passé, les mots lesteront le réel, paradoxalement et en retour, d'une gravité. Celle de notre vie, approchée ?