Etudes germaniques en France

Les études germaniques en France sont une vaste entreprise de connaissance de l'histoire littéraire et idéologique de l'Allemagne depuis l'époque médiévale jusqu'à nos jours.

Les études germaniques ne sont pas une discipline comme une autre. Réduites à leur plus simple expression, elles se confondraient avec l'apprentissage de la langue allemande et l'appréhension des caractéristiques politiques et économiques du plus proche voisin de la France. Si on les considère dans leur dimension la plus large, elles constituent au contraire un vaste continent englobant une partie de la philosophie, de l'histoire, de la musicologie, et touchant au problème de l'identité française elle-même. Dans la seconde moitié du XIX^e siècle, le modèle scientifique allemand a en effet parrainé la constitution de la plupart des disciplines de sciences sociales, et les deux guerres mondiales ont assez marqué l'inconscient collectif pour que le discours sur l'Allemagne, passionnel, complexe et contradictoire, soit en même temps un discours sur soi-même. Les études germaniques sont naturellement une forme d'histoire littéraire, une philologie consacrée à une aire culturelle extérieure, mais elles n'ont jamais pu se confondre avec cette vocation littéraire, ce qui les oppose, en apparence du moins, à la germanistique allemande. Elles sont habitées par le souci d'observer, dans sa globalité culturelle, un pays qui n'est en aucune façon un simple objet d'études. Au-delà du destin singulier des figures fondatrices, de l'évolution plus ou moins fortuite des facultés, c'est à travers l'exploration dans la durée qu'on peut cerner la constitution d'objets scientifiques propres et la mise en place d'une discipline. Le regard attentif porté durant près d'un siècle sur une altérité est maintenant part intégrante de la tradition intellectuelle nationale. Il était urgent d'écrire son histoire.