Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 345 pages
Poids : 390 g
Dimensions : 13cm X 22cm
ISBN : 978-2-35150-134-4
EAN : 9782351501344
Quatrième de couverture
« Je suis Personne », écrivait Emily Dickinson (1830-1886), reprenant à son compte le mot d'Ulysse. On serait presque tenté de la croire, tant son existence aura été banale, dépourvue de toute péripétie. De son vivant, elle ne publia que dix poèmes, qui passèrent inaperçus. La recluse volontaire d'Amherst (Massachusetts) ne fut pas même une autrice exceptionnellement précoce. Le plus ancien poème d'elle qui nous soit parvenu date de sa vingtième année. Rien de significatif, semble-t-il, rien qui donne prise sur son oeuvre dans cette existence menée dans une solitude existentielle que la poésie seule transfigura. Et quelle poésie ! Car cette femme discrète, effacée, bâtit une oeuvre considérable, immense, dont les résonances ne cessent de s'affirmer et de s'étendre. Nombreux sont les poèmes - ou au moins les vers - qui sont passés dans la culture populaire états-unienne et même universelle. Rien de secret donc chez celle qui est généralement considérée comme la fondatrice - avec Walt Whitman - de la poésie moderne anglophone.
Ce qui n'empêche pas que tout, dans son oeuvre, ait sa part d'insondable mystère. Un mystère qui se confond avec ceux de l'univers aussi bien que de l'existence humaine. De l'héritage romantique, elle avait gardé une confiance dans la capacité de la poésie à se confronter efficacement aux apories de la foi traditionnelle. Le moi et le monde, saisis par un esprit subtil et une langue d'une étonnante richesse, se dévoilent, révèlent leurs secrets les plus intimes. La confrontation de l'éphémère et du pérenne, en particulier, est au coeur de nombre de ses poèmes, souvent avec une lucidité sans complaisance. « J'aime mieux me souvenir d'un Couchant / Que jouir d'une Aurore », écrivait Emily Dickinson.
À la lecture des textes réunis dans ce numéro d'Europe, on constatera pourtant que l'oeuvre admirable de cette figure décisive de notre modernité annonçait la poésie qui suivit. Et celle qui viendra, sans aucun doute.