Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 338 pages
Poids : 894 g
Dimensions : 17cm X 25cm
ISBN : 978-2-35311-128-2
EAN : 9782353111282
Quatrième de couverture
Figures de l'art 39
QueeRriser l'Esthétique
En 1990, Judith Butler publie Gender Trouble. Ce livre auroral s'appuie avec brio sur la French Theory pour en fonder une autre : the Queer Theory. Celle-ci nous donne à comprendre que la vie est une tragi-comédie, dans laquelle tout-un-chacun peut changer le rôle auquel il se croyait assigné et assujetti par nature. On ne naît plus homme ou femme mais neutre ; epikeinos, « gender fluid » ou, pour le dire avec Rousseau, « propre à rien/tout » et doué de « perfectibilité ». Traduit en plusieurs langues, Gender Trouble aura très vite une influence considérable sur les études littéraires et cinématographiques, qui vont rapidement faire un acting out tout particulièrement heuristique. Il n'en est toujours pas de même dans les études esthétiques et d'histoire de l'art.
Tout se passe en effet comme si la geste phallogocentrique hystérique de Socrate, le père spirituel de la philosophie (de l'art), bannissant la beauté féminine des Panathénées de Phidias, qui aurait tellement émollié les athéniens qu'ils en auraient perdu la guerre du Péloponnèse, se répétait dans les deux grands livres majeurs de L'Esthétique : La Critique de la faculté de juger (Kant) et L'Esthétique (Hegel), qui confinent l'art (dépassé) de leur temps à un rôle de potiche empruntée ou fétichisée/momifiée.
Comment en finir avec la « maledizione » du « démon de Socrate » qui pousse toujours aujourd'hui un grand nombre de grands penseurs, portant sur leur front une « mâle assurance », à répudier la beauté trop « féminine » d'un grand nombre d'oeuvres d'art en vogue ? Comment repenser les rapports, intimement sexués/genrés que l'Esthétique entretient avec la beauté/le beau ? Comment réécrire son arbre généalogique, plus particulièrement ses liens de parenté - et de filiation - incestueux avec ses deux grandes soeurs : la philosophie et l'histoire de l'art ? Comment l'esthéticien peut-il parvenir à « queeRriser » sa « vieille » discipline ?
Peut-être en ajoutant l'« R » cratylien incantatoire de Rrose Sélavy au néologisme audacieux de son parricide !