Fourier ou la civilisation marchande

Le propos de cet ouvrage est de nous restituer une pensée d'espoir, un levier pour faire basculer la croyance en ce monde dur, mal bâti, désolant. Ce monde de la civilisation marchande, Charles Fourier l'a jugé pour ce qu'il vaut ; l'ordre émergent fondé sur le marché, le libéralisme économique, n'est qu'une aporie.

Nous sommes résignés à croire que l'utopie n'est que le travail pervers d'une volonté qui nous échappe ; qu'elle nous conduit là où secrètement nous voudrions aller : au totalitarisme. Il n'en est rien, à condition seulement que nous acceptions d'écouter nos passions.

Tel est le projet de Fourier, repenser le lien social et refonder la socialité à partir d'êtres indemnes des mutilations que notre société inflige aux pénibles individus que nous sommes.

La confrontation du sujet et des autres peut être assumée tout différemment du solipsisme sadien. A preuve, la loi de valeur, fondement du social. Loin d'être ce moyen de mesurer l'incommensurable, le code de la mise au travail, ou au non-travail forcés, la valeur en Harmonie n'est qu'un enjeu de l'attraction et source d'émulation.

Et puis, nous n'avons pas à croire à un monde tout fait, même harmonieux, qui nous attendrait. Fourier ne nous dit pas ce que nous devons être ; il nous dit, encore et surtout à présent, ce que nous ne sommes pas. Quelle bonne nouvelle, que d'apprendre tout ce que nous pourrions faire, et être !