Frédéric Arnaud

Dans la Provence en armes, les insurgés déferlent par milliers sur les routes. Les Sociétés secrètes ont appelé au soulèvement contre le coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte en 1851. Dans les Basses-Alpes en particulier, les paysans "gavots" descendent des collines et des plateaux, occupent Digne, chassent les autorités, désarment troupes et gendarmes, et instituent un «gouvernement provisoire». Ils sont vainqueurs. Mais Bonaparte l'a emporté à Paris et dans tout le reste du pays. En dépit de trois batailles héroïques - à Crest (Drôme), les Mées (B.-A.) et Aups (Var) - c'est finalement la défaite, les exécutions sommaires, la déportation. De tout cela, l'Histoire de France ne parle guère, ou pas du tout.

En 1974, venu de Paris, Frédéric Arnaud refait le chemin de son propre arrière-grand-père Frédéric Arnaud, lui aussi - insurgé de 1851, «chef actif des Sociétés secrètes, condamné à la déportation». Il va revivre en la découvrant pas à pas, cette épopée de "paysans rouges" si longtemps passée sous silence. Mais en même temps que la Haute-Provence, «ouverte et secrète», il va découvrir aussi «ses racines profondes».

Ce roman audacieusement construit mêle le récit scrupuleux d'événements historiques méconnus, la célébration lyrique d'un pays âpre et lumineux avec la double aventure des deux Frédéric Arnaud marchant l'un et l'autre - à 123 ans d'intervalle - sur un même chemin, vers une fin qui n'est qu'un début.

Jean Rambaud, journaliste au Monde, est déjà l'auteur de trois romans, tous objets d'adaptation pour la télévision ou le cinéma.