Hannibal

Il est des régions d'Europe propices aux passages migratoires et invasions conquérantes. Des couloirs géographiques préférentiels qui longent, en général, les vallées et rives côtières des mers. Et, plus spécialement, les voies naturelles qui suivent les rivages languedociens de la Méditerranée, depuis la barrière rocheuse avec l'Espagne aux côtes provençales avec l'Italie, et, qui se prolongent sur un axe vertical sud-nord du corridor rhodanien à l'intérieur des terres. Des passages qui s'allongent encore, se diffusent et se ramifient à l'infini dans les vallées les plus reculées, parfois abruptes des communications alpines. Des défilés qui, de toujours, ont vu passer des héros de toutes les armés du monde et, de tous les grands généraux depuis l'Antiquité jusqu'aux dernières conquêtes territoriales du XX^ème siècle.

Des hommes qui sont venus des quatre horizons de la terre pour y combattre et y marquer leur empreinte guerrière sur les peuples et les y soumettre. Alors qu'au III^ème siècle avant J.C., le sud de la Gaule n'était qu'un « no man's land » de peuples diffus, l'un des noms les plus prestigieux de cette époque, celui qui commanda la deuxième expédition guerrière contre Rome et, peut-être, l'un des plus obscurs personnages, est certainement Hannibalem ; Hannibal ou Annibal, son orthographe ancienne. Ce général d'armée carthaginois, grand meneur d'hommes, élevé dans la haine des Romains, qui pesa lourd dans la balance de l'histoire. Un guerrier qui a failli faire vaciller la puissante Rome, alors dans sa pleine gloire. Un homme aux facettes multiples qui à fasciné son entourage et, très tôt, au premier chef, le pouvoir de Rome.

C'est la traversée des Alpes méridionales ; l'énigmatique passage de la mythique montagne du continent européen qu'Hannibal emprunta, celle qui pose encore réflexion de nos jours aux historiens. Là, ou se cachent les nombreuses oppositions d'orientation géographique de ceux qui ont foulé au pied les sols de l'Espagne, de la Gaule et des riches plaines de l'Italie du nord. Ce stratégique défilé à travers vallons, vallées et aux cols enneigés des Alpes, que nous propose Max Prado dans son essai d'analyse des écrits laissés par nos devanciers, depuis les plus illustres comme Polybe et Tite-Live.