Hauts lieux

Hauts Lieux

Nous souffrons d'une pléthore de portes. Nous manquons cruellement de ponts. Nous voyons se multiplier les murs, pulluler les grilles, nous manquons d'yeux pour percevoir les eaux...

...Orgueil du calcul, le chiffre qui ne dénombre ni failles ni fissures ni crevasses nous remplace, ignore chacun de nous

Nous manquons cruellement d'échos, de boussoles embarquées, de radars neuroniques, d'amplificateurs de vagues, de récepteurs de sources, nous sommes en manque de sonars entre les synapses, de souffle parcourant le canal cristal, nous manquons du plus proche au plus lointain

Marcheur en bonne terre, dans l'air et les rafales de vie, Philippe Raynaud ouvre son troisième oeil, celui qui ne force ni rêve ni méditation, au monde piétiné, robotisé, mais toujours porteur d'émerveillement silencieux. Il est en poésie comme dans ses pas en quête du moindre signe qui sauve d'une réalité souvent drue et cruelle.

Le jour de l'incinération de ma mère

Un flot de passereaux s'est posé dans un champ

Philippe Raynaud est de ces êtres rares célébrant l'effleurement de la nature tout en assumant son intégrité d'homme révolté en proie à des temps contraires. Ses mots sont limpides et caillouteux, maculés de boue et portés par les vents. Ces Hauts Lieux sont un état d'apaisement où la pensée s'épanouit dans son cheminement vagabond et la rédemption du chant qui l'habite. Mais il y a toujours, tapi au fond des entrailles, ce désir d'une vraie langue pour que s'y promène enfin librement le souffle. Dans l'urgence, naîtra-t-elle l'apaisée, l'autre langue ?