Idéologies et valeurs civiques dans le monde romain

La cité est un élément essentiel de la compréhension du monde romain, de sa civilisation et du phénomène de la romanisation. Les contributions rassemblées ici en l'honneur de Claude Lepelley, le maître des études historiques sur les cités romaines d'Afrique du Nord, mettent en évidence l'importance centrale des valeurs et des idéologies civiques dans le monde romain.

Toutefois, la variété des modèles civiques dans le monde romain italien puis méditerranéen, depuis l'époque étrusque jusqu'à l'Antiquité tardive, justifie des approches plurielles. Délaissant les aspects bien connus de la cité romaine d'époque républicaine, les communications se répartissent principalement selon trois grands axes d'analyse. Le premier s'intéresse à la nature de la ciuitas romana, qui a évolué au fil du temps, avec des études sur le pouvoir dans les cités étrusques et la cité romaine archaïque, la persistance d'héritages indo-européens dans la conception de la citoyenneté romaine, le sentiment monarchique à l'époque impériale, la cité comme personne juridique dans la jurisprudence impériale. Le second insiste sur les cohérences internes des idéologies civiques locales et sur leurs reformulations successives selon les temps et les lieux. Pour l'Orient romain, les problèmes du pouvoir des magistrats dans les cités grecques sous contrôle romain, de l'identité des cités syriennes gréco-romaines, de la rivalité entre Pergame et Ephèse à propos du culte impérial sous le Haut Empire, de l'autonomie des cités grecques dans l'Empire sont ainsi abordés. Pour l'Occident romain, les thèmes traités sont ceux de l'amor patriae, du consensus et de la concordia civiques en Afrique, des prêtrises romaines dans les cités africaines. Pour l'Antiquité tardive, les analyses portent sur la signification idéologique des monuments des cités italiennes, le patriotisme municipal en Gaule à la fin de l'Antiquité, la critique augustinienne des spectacles africains, la cité tardo-antique comme idéal de valeurs communes entre païens et chrétiens. Le troisième axe privilégie l'étude des relations entre la patrie locale et la cité universelle romaine, en posant le problème des relations entre citoyenneté romaine et identités romaines.