J.-François Bladé et les contes populaires de la Gascogne

« Ce conte [...] avait été raconté à Bladé, pendant son enfance, par sa grand-mère maternelle [...] mais les principaux épisodes lui ont été communiqués, beaucoup plus tard, par deux illettrées de Lectoure [...] et surtout par le vieux Cazaux [...], cet octogénaire à la casquette de loutre, que Bladé rencontrait, les soirs d'été, sur l'esplanade de Lectoure, d'où l'on aperçoit, dans le lointain, le ligne bleue des Pyrénées. Ce merveilleux conteur, qui, avant de dévider ses histoires, regardait autour de lui d'un regard soupçonneux et rajeunissait de trente ans pendant qu'il dictait d'une voix lente et grave les récits extraordinaires qu'avait fidèlement gardés sa prodigieuse mémoire. »...

« On est frappé tout d'abord, quand on voit défiler les personnages des contes de Bladé, d'un trait dominant, qui est tout à l'honneur de la race gasconne [...] : le courage, le mépris de la mort et le goût de l'héroïsme. [...] Il n'est pas surprenant que Bladé ait fait une place prépondérante aux récits épiques : le génie lyrique est assez rare en Gascogne, [...] l'imagination, la fantaisie sentimentale, ne sont pas les qualités fondamentales du Gascon : il a plutôt la tête épique. »...

« Ces contes très anciens rappellent l'état d'âme de la Gascogne d'autrefois ; ils sont la preuve émouvante du vieil esprit domestique : le respect pour le seigneur-père avait quelque chose de religieux [...]. Nous devons savoir gré à Bladé [...] d'avoir fidèlement [...] tracé le portrait d'une Gascogne archaïque, qui, pour la pureté des moeurs et la valeur du caractère, valait peut-être mieux, malgré les progrès d'une civilisation raffinée, que notre société actuelle. [...] Bladé a recueilli aussi, dans ses contes, le souvenir d'un temps lointain, où la bonté, la charité, étaient fort en honneur en Gascogne. » Gaston Guillaumie